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lité de membre d’une maison régnante cessait d’être indispensable chez le candidat que les cortès de l’empire mexicain pourraient élever au trône, à défaut de l’acceptation de Ferdinand VII et des trois infans d’Espagne. Pour surveiller l’exécution loyale du traité de la part des Mexicains, O’Donuju devait être un des membres de la junte provisoire chargée de diriger le gouvernement, et il siégeait en cette qualité lorsque la mort vint le surprendre.

En acceptant la transaction de Cordova, O’Donuju se conduisit en homme judicieux, en politique éclairé, en véritable patriote heureusement inspiré. Réclamer davantage pour l’Espagne eût été chimérique, et pourtant, lorsque les commissaires envoyés du Mexique arrivèrent à Madrid, ils y furent très mal accueillis. Le roi Ferdinand VII n’éprouvait aucun attrait pour un trône moins glorieux à son gré que celui des Castilles, et qui serait de même environné des entraves, à ses yeux fort déplaisantes, d’une constitution. D’ailleurs les Espagnols, quoiqu’ils n’aimassent guère ce prince, ne l’auraient pas laissé partir, n’ayant pas mieux ou n’ayant que pis pour le remplacer. L’infant don Carlos, un moment séduit par la perspective de régner à Mexico, était retenu par l’espérance de succéder au trône d’Espagne, le roi son frère n’ayant pas d’enfant alors. Seul, l’infant don François de Paule aurait goûté le programme concerté à Cordova, et on assure qu’il eut un moment le projet de se jeter dans un navire de commerce et de partir à tout hasard; mais avant tout et par-dessus tout c’était aux cortès de prononcer. Au sein des cortès, le traité de Cordova fut blâmé, déclaré nul et non avenu, et, malgré la pénurie où l’on était, on forma la résolution d’envoyer des renforts aux corps espagnols, qui occupaient encore des positions de résistance en Amérique. C’est ainsi qu’au Mexique même une garnison espagnole tenait ferme dans le fort de Saint-Jean-d’Ulloa et dominait le principal siège du commerce du Mexique avec l’Europe, la Vera-Cruz. M. Lucas Alaman, qui depuis a joué un grand rôle au Mexique parmi les chefs du parti conservateur, était alors député aux cortès à titre de Mexicain. Il a vu de près, comme témoin et comme acteur, tout ce qui se passait dans cette assemblée. Il en a consigné le détail dans sa volumineuse histoire. Il fait remarquer avec raison que la conduite tenue par les cortès et par le cabinet se comprendrait si la Péninsule avait eu les forces nécessaires pour comprimer le sentiment d’indépendance qui régnait dans les cœurs des habitans de presque tout un continent, et du Mexique en particulier; mais de bonne foi en était-on là? N’était-on pas réduit aux dernières limites de l’impuissance?

La conséquence pour le Mexique fut celle qu’il était aisé de pré-