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des États-Unis pour y acheter des armes et se réorganiser.; mais dans la marche, le 21 mars 1811, un officier de l’indépendance, Elisondo, les trahit et les livra pour gagner son pardon. Hidalgo et ses compagnons furent fusillés quelque temps après, et on publia d’eux des confessions où ils s’accusaient de leur entreprise, en demandant pardon à Dieu et aux hommes. C’étaient des pièces fabriquées, car les autorités espagnoles, non contentes d’ôter la vie à leurs adversaires, voulaient leur ravir même l’honneur. Le fait est que Hidalgo mourut avec le plus grand calme. La veille de sa mort, au milieu des préparatifs qu’on faisait pour l’exécution, il composa deux pièces de vers pour remercier ses geôliers des attentions qu’ils lui avaient montrées. M. Alaman les rapporte.

Malgré de si grands revers, la cause de l’indépendance n’était pas perdue. Les indépendans battus se partagèrent en bandes composées des hommes les plus déterminés, sous des chefs pleins de courage et de dévouement. Il restait entre autres le curé Morelos, ancien ami de Hidalgo, qui était accouru près de lui après la prise de Guanaxuato et s’était chargé d’opérer dans la province dont la ville principale était le port militaire d’Acapulco, sur l’Océan-Pacifique.

Il ne peut entrer dans le plan de cette étude de raconter les péripéties de la guerre de l’indépendance au Mexique. Il suffira de dire que peu après la défaite et la prise de Hidalgo, l’insurrection se ranima sous l’impulsion énergique de Morelos, et qu’elle s’étendit, avec la rapidité d’un incendie qu’excite un vent violent, à un grand nombre de provinces où des chefs intrépides surgirent presque de toutes parts, mais tous reconnaissant l’autorité du curé généralissime. Aux environs de la Vera-Cruz, dans l’enceinte de laquelle ils ne pénétrèrent pas (le canon de Saint-Jean-d’Ulloa le leur interdisait), à Acapulco, à Guadalaxara, et plus au midi, dans le riche pays qui entoure Oaxaca, les insurgés montrèrent une activité intelligente et hardie qui semblait un gage de leur triomphe. Il y eut un moment où ils furent les maîtres de plus de la moitié du Mexique, du moins des provinces peuplées. Les Espagnols étaient consternés, et Calleja appelait Morelos un second Mahomet, pour donner la mesure de son influence, de l’ardeur avec laquelle les Mexicains se rangeaient sous son drapeau, et de la rapidité de ses conquêtes. Ainsi se passèrent l’année 1812 et la presque totalité de 1813. Malheureusement pour les insurgés, ils ne savaient pas faire la guerre ; non que leurs armées manquassent de bravoure, mais elles étaient mal équipées, peu exercées, ou, pour mieux dire, complètement étrangères à la tactique moderne, qui donne aux troupes qui la possèdent une si grande supériorité sur celles qui l’ignorent. Sur