avec un soin scrupuleux l’exécution du règlement organique du Liban, et le protégera contre l’habile désuétude que la Porte espère lui appliquer.
La France en effet a beaucoup à faire en Orient, parce que l’Orient attend beaucoup d’elle. Il lui demande même plus qu’elle ne peut faire : il lui remettrait volontiers le soin entier de son avenir, ce qui serait pour la France et pour l’Orient un grand danger : pour la France, parce que disposée à prendre en main la cause des populations souffrantes, elle se charge souvent de plus d’obligations qu’elle n’en peut remplir ; pour l’Orient, parce que tout peuple qui attend sa destinée de l’étranger n’a jamais qu’une condition précaire, et qu’il n’y a de salut pour les nations que celui qu’elles se font elles-mêmes. Je ne souhaite donc ni à l’Orient ni à la France que nous ayons trop à nous mêler du sort des populations chrétiennes ; mais quoi que nous fassions ou ne fassions pas, sachons bien que la France a une grande responsabilité en Orient, parce que son nom y a une grande prépondérance. L’Orient sent instinctivement que, comme l’a dit l’empereur Napoléon III, la France est la seule nation qui prenne volontiers les armes pour une idée étrangère à ses intérêts. Les nécessités de la politique détournent parfois pendant quelque temps notre pensée et notre action du sort des populations orientales. Nous y revenons, dès que nous le pouvons, par une pente naturelle. Nous avons beau changer de politique en Occident, changer même de gouvernemens, d’institutions, de dynasties ; nous ne changeons pas de politique en Orient. Que nous soyons une république, un royaume ou un empire, nous nous intéressons toujours aux chrétiens d’Orient, parce qu’ils souffrent. La France a sur la question d’Orient depuis cinquante ans la même doctrine et la même tradition. 1814, 1830,1848, 1851 pensent là-dessus de la même manière. Il y en a eu en 1860 et 1861 un bel et significatif exemple.
C’est au printemps de 1860, avant les massacres de Syrie, que M. le comte de Paris et M. le duc de Chartres visitaient l’Égypte, la Palestine et la Syrie ; c’est au mois d’août 1860 que l’empereur Napoléon III envoyait nos soldats en Syrie ; enfin, au moment où nos troupes commençaient à évacuer la Syrie, M. le comte de Chambord y abordait, pour aller de là visiter Jérusalem et l’Égypte. J’ai lu des extraits du voyage de M. le comte de Paris, des lettres de plusieurs officiers fort attachés à l’empereur, des lettres aussi écrites par quelques-uns des compagnons du comte de Chambord ; j’ai trouvé dans ces pages venues de côtés si divers la même pensée et le même sentiment. Représentans des grandeurs passées, agens des grandeurs présentes, tous se réunissent dans la même idée, dans la