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LA
SUISSE CHRETIENNE
ET LE DIX-HUITIEME SIECLE

PAGES INEDITES DE VOLTAIRE ET DE ROUSSEAU.

« Des lettres inédites de Voltaire ! écrivait un jour Charles Nodier, on en trouvera jusqu’à la fin du mande. » Ajoutons que ces découvertes ne changeront absolument rien à la physionomie du philosophe de Ferney : Voltaire, jusqu’à la fin du monde, restera ce Voltaire que le monde connaît si bien. Ses qualités comme ses vices, sa verve, sa mobilité, ses contradictions, cette grâce exquise unie à tant de cynisme, son merveilleux bon sens quand il ne fait que se jouer à la surface des choses, et l’impuissance de sa raison dans le domaine de la pensée religieuse, son sentiment si vif, mais si étroit, des grandes causes auxquelles il consacre la seconde moitié de sa vie, cette façon d’outrager l’humanité en combattant pour elle, ces élans de la sensibilité la plus délicate au milieu des petitesses de l’amour-propre, enfin, sous mille formes, ces généreuses luttes contre les iniquités du vieux monde, tout cela est marqué dans l’histoire en caractères indestructibles. Ni les lettres publiées par MM. de Cayrol et François, avec une introduction si spirituellement sensée de M. Saint-Marc Girardin, ni la correspondance avec la duchesse de Saxe-Gotha, mise au jour par M. Évariste Bayoux, ni l’ouvrage plus récent, intitulé Dernier volume des Œuvres de Voltaire, ne modifieront le sentiment public sur l’auteur de Candide. Ses dévots