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de Louis XVI, et qui se bornèrent à l’exécuter, montrèrent un plus juste sentiment de leur intérêt.

Un des premiers actes de la session de novembre fut de choisir trois avocats pour examiner les contestations qui pouvaient s’élever entre les communes. Parmi eux se trouvait M. Couthon, alors avocat à Clermont, et qui devait quelques années plus tard partager la sanglante dictature et la mort tragique de Robespierre. L’assemblée se livra ensuite aux occupations ordinaires. Comme membre du bureau du bien public, La Fayette présenta un rapport curieux sur l’agriculture et le commerce. Après un aperçu général, qui révélait un état assez avancé, le rapporteur entrait dans l’examen des moyens à prendre pour développer les diverses industries. « Nous ne parlerons ici des blés que pour en remarquer l’engorgement actuel et rendre grâce à la loi qui en permet l’exportation ; elle aurait plus d’effet, si la province n’avait pas été tellement oubliée dans la distribution des routes qu’à l’inspection de la carte des postes on serait tenté de croire que cette partie du royaume n’est pas habitée. Au seul mot de douanes, chacun de vous a dénoncé nos plus cruels ennemis. Placés à l’entrée de la province, l’un sur la route de Paris, l’autre sur la rivière d’Allier, les deux postes de Gannat et de Vichy ne nous laissent que le choix entre deux écueils. Notre communication avec le Berri, la Touraine et l’Orléanais est interceptée par l’établissement d’un autre poste à Combronde. Il nous est doux, en nous élevant contre ces établissemens monstrueux et destructeurs, de vous rappeler le beau projet qui honore le règne du roi et qu’il a scellé de sa parole sacrée[1]. La destruction de toutes les barrières, du moins jusqu’à la frontière de la Lorraine et de l’Alsace, est une opération aussi facile que désirée. L’esprit fiscal n’a pu y prévoir qu’une perte très légère, et l’esprit d’administration y a trouvé un profit immense. »

L’amélioration des troupeaux, si généralement recherchée alors, ne pouvait manquer de trouver sa place dans le programme de La Fayette. « Les races de moutons, disait-il, varient beaucoup en Auvergne, et sont toutes mauvaises. Les assemblées du Berri et de la Haute-Guienne ont tiré des béliers de Flandre et de Roussillon ; nous nous bornons à vous proposer une souscription pour des béliers et brebis du Rouergue et du Quercy, au choix de chaque élection. » Le rapporteur ne montrait pas moins de sollicitude pour la culture du chanvre et la fabrication de la toile, pour la confection des fromages, qu’il s’agissait déjà d’adapter aux usages de la marine,

  1. Allusion à ce qui venait de se passer a l’assemblée des notables, où M. de Calonne et après lui M. de Brienne avaient annoncé la suppression des douanes intérieures.