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MÉNON.

Secours mon esprit troublé.

LE GRAND-PRÊTRE.

Les oreilles d’un prêtre doivent rester pures.

MÉNON.

Si tu me refuses tes conseils, qui m’éclairera ? de grand-prêtre montre le ciel.)

SCÈNE IV.
(La maison de Bodastoreth.)
MÉNON, BODASTORETH.
MÉNON.

Tu me garantis que ce poison ne laisse aucune trace ?…

BODASTORETH.

Pas plus qu’une goutte d’eau dans la mer.

MÉNON.

Il ne tue pas subitement ?

BODASTORETH.

Celui qui l’a bu languit quelques jours, ne souffre pas, et s’éteint comme si la source de la vie tarissait naturellement.

MÉNON.

Je garde cette fiole. Voici l’argent que tu me demandes.

BODASTORETH.

Les Phéniciens surpassent en industrie les autres peuples. Ils ont inventé tout ce qui aide à bien vivre et à bien mourir.

MÉNON.

Est-il vrai que Saturne soit honoré chez vous par des sacrifices humains ?

BODASTORETH.

Baal-Moloch, que vous appelez Saturne, nous commande quelquefois de déposer dans ses bras nos nouveau-nés. Un bûcher brûle au-dessous de la statue ; les mains du dieu s’inclinent, et l’enfant roule dans les flammes.

MÉNON.

Dieux justes, qui faites périr des victimes innocentes, comment ne vous réjouiriez-vous pas si l’on vous immole des coupables ? Je te rends grâces, étranger.

BODASTORETH.

Que la paix t’accompagne !

SCÈNE V.
( La prison.)
PHIDIAS, PÉRICLÈS.
PÉRICLÈS.

O mon cher Phidias ! était-ce ici que nous devions nous retrouver ? Tu n’as donc pas reçu mon message ?