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locaux, comtés, bourgs et paroisses, avec une étendue d’attributions comme avec un degré d’indépendance qui ne se retrouvent en aucune autre région du royaume-uni.

En Écosse, par exemple, le pouvoir central fait une tout autre figure. Ce n’est pas qu’il se mêle du régime des bourgs, dont l’indépendance est à peu près la même qu’en Angleterre ; mais le comté écossais, la paroisse écossaise, sont autrement constitués, c’est-à-dire avec moins de souveraineté et moins de finances locales. Dans le comté, les juges de paix n’ont aucune attribution administrative, et de la justice ils ne retiennent que le droit de juger les simples contraventions. Tout le reste du pouvoir judiciaire appartient au shérif, qui est un officier nommé par la couronne, salarié, fort semblable à ce que sont chez nous le préfet et le procureur-général mis ensemble. Il ne faut pas oublier qu’auprès de chaque juridiction le pouvoir central est représenté par un ministère public. Quant à l’administration des comtés, elle appartient aux commissaires des fonds (commissioners of supply), dont l’assemblée se compose de quiconque possède un revenu net rural de 100 livres sterling. Cette administration a pour objets, comme en Angleterre, les prisons, les maisons d’aliénés, la milice, la police, les poids et mesures, et de plus elle a les routes, qui sont en Angleterre une charge paroissiale. Mais l’action du pouvoir central est à remarquer comme subvention jusqu’à concurrence de moitié pour les routes militaires des highlands, jusqu’à concurrence du quart pour la police, — comme règlement et comme inspection, soit pour le service des prisons, soit pour celui des aliénés. Il apparaît doublement dans la paroisse, qu’il oblige aux dépenses du culte et de l’école primaire, mais en même temps qu’il assiste, en y mettant cette condition que les écoles assistées se soumettront à l’inspection des fonctionnaires nommés par la commission centrale pour l’enseignement (committee of privy council on éducation). Cette obligation est inconnue dans les paroisses anglaises.

On demandera peut-être pourquoi l’état est si prodigue d’injonctions ou d’assistances pécuniaires en Écosse, et non ailleurs, pourquoi surtout il y rend la justice et exerce les poursuites par des officiers à lui, tandis qu’en Angleterre il laisse faire la tradition féodale, et se décharge de ce soin sur les grands propriétaires qu’il institue juges de paix. Cela tient à des causes économiques et historiques. D’abord l’Écosse n’est pas riche comme l’Angleterre, avec le même territoire que l’Angleterre. Son infériorité, qu’on peut mesurer par le produit respectif de l’income-tax dans les deux pays, est celle de 1 à 5. Les montagnes surtout (highlands) ne pourraient faire leurs routes, et il ne peut être question d’y mettre des compagnies, moyennant un péage qui serait ou insuffisant pour elles ou