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dès l’année suivante. Appelé au ministère d’état et à celui des affaires étrangères le 24 février 1849, il se trouva bientôt en face de la révolution, de l’émeute. Le roi de Prusse avait refusé, le 3 avril, la nouvelle constitution votée à Francfort et la couronne impériale, et il s’agissait de repousser à Dresde comme à Berlin toutes les prétentions révolutionnaires. Il faut entendre M. de Beust lui-même et son ami dévoué M. de Weber, aujourd’hui directeur habile et libéral des archives saxonnes, raconter les péripéties des journées du 3 au 9 mai 1849. La situation du gouvernement était d’autant plus difficile qu’une bonne partie des troupes saxonnes se trouvait alors en Slesvig, et il fallut un secours prussien pour triompher de l’insurrection. M. de Beust paya de sa personne avec une grande énergie. Le calme une fois rétabli, le premier acte important de son administration supérieure fut la conclusion de l’alliance des trois rois (Prusse, Hanovre et Saxe), 26 mai 1849. Il s’agissait de donner par une telle alliance une impulsion unitaire aux affaires de la confédération germanique, le roi de Prusse étant placé à la tête d’un collège des princes, et un parlement composé de deux chambres, dont l’une populaire, procurant à la nation quelque part dans l’action législative ; mais M. de Beust avait entendu trouver dans la fameuse union restreinte l’occasion de réserver aux états secondaires la place et le rôle qui leur étaient dus. Le refus de la Bavière et les réclamations de l’Autriche lui ôtèrent de ce côté toute espérance, et il se retira, ainsi que le ministère hanovrien, d’une ligue qui eût profité uniquement à la Prusse. Dans le même temps, il formait une autre ligue avec la Bavière et le Wurtemberg, cette fois de concert avec l’Autriche, pour tenter un nouvel effort en vue d’une réforme de la constitution fédérale qui assurât leur place aux états secondaires. On se rappelle les conférences de Dresde du 23 décembre 1850 au 15 mai 1851 ; elles échouèrent complètement, comme on sait, devant la restauration pure et simple de l’ancienne diète de Francfort. M. de Beust avait, il faut le dire, donné lui-même un pareil exemple de résistance à l’esprit novateur en rétablissant à Dresde, le 15 juillet 1850, le parlement saxon absolument dans la forme qu’il avait à la veille des mouvemens de 1848.

La réforme légale de la constitution fédérale en dehors des voies révolutionnaires et en sauvegardant les droits des petits états, telle est donc la mission que s’est donnée M. de Beust. Le principal trait du plan nouveau qu’il a conçu est incontestablement cette incessante réclamation. Il essaie particulièrement ici de la faire reconnaître en proposant l’institution d’un directoire chargé, en dehors de la diète fédérale, de tout le pouvoir exécutif, et composé de trois membres, qui seraient l’empereur d’Autriche, le roi de Prusse