Guillaume Ier, les promesses et l’attitude du cabinet Hohenzollern ont excité, il est vrai, une nouvelle attente ; mais on se rappelle, même involontairement, les premières années du précédent règne, si brillantes et cependant suivies de désillusion. Les récentes déclarations du roi Guillaume Ier sur son droit divin ont particulièrement contribué à ébranler la confiance ; elles ont ranimé les théories contraires. — Ce n’est pas avec la doctrine du droit divin, assure-t-on, que la Prusse peut réussir à subjuguer l’Allemagne ; comme instrument à son ambition, qu’elle offre au moins une politique énergique et digne d’un grand gouvernement moderne !
En second lieu, le National Verein a proclamé que la Prusse était l’état modèle dans lequel toute l’Allemagne devait s’absorber ; on lui conteste la légitimité de l’éloge et celle de la conclusion. L’influence d’un certain entourage du roi de Prusse, qui puise directement ses inspirations auprès du parti féodal et réactionnaire de la croix, les obstacles que rencontrent de ce côté et le constitutionalisme et la suppression des derniers abus, restes informes du moyen âge, enfin la multiplicité des autres partis, tout cela empêche l’Allemagne, au moins pour quelque temps encore, d’admettre la Prusse comme l’état modèle auquel elle doive se livrer. Il est ensuite certains reproches que les états secondaires adressent à la Prusse et au National Verein conjointement. Ils accusent à haute voix celui-ci d’avoir affirmé sans cesse qu’il ne songeait qu’aux intérêts de l’Allemagne, tandis qu’il ne travaillait en réalité que pour l’avantage de la Prusse. L’agitation pour la flotte n’a été particulièrement, disent-ils, qu’un stratagème n’ayant pas d’autre but. La flotte allemande, rêve de la Prusse et légitime exigence de l’Allemagne, tel est le titre d’un écrit fort répandu, suivant lequel, comme le fait deviner ce titre même, la Prusse ne saurait mener à bien par sa seule initiative la grande entreprise que les efforts combinés de tous les pays de l’Allemagne réunis pourraient seuls accomplir. Les objections qu’on dirige contre les efforts de la Prusse dans cette direction sont importantes à recueillir ; en même temps qu’elles nous montrent les résistances du particularisme allemand, elles nous font mesurer à quelle distance l’Allemagne se trouve encore d’une puissance maritime qu’elle a si ardemment souhaitée. M. Harkort, aujourd’hui chef du centre gauche à la chambre des députés de Berlin, a publié à ce sujet des renseignemens qui font autorité.