effet, toute confiance dans la diète fédérale est détruite ; on n’attend plus rien de salutaire de son initiative, et l’épreuve déjà faite que le peu d’unité auquel elle a dû son existence n’a servi qu’à opprimer la liberté empêche de désirer quelques nouveaux progrès de centralisation. Chaque état allemand ne songe plus qu’à lui-même ; les plus avisés comprennent seuls qu’un sage développement des libertés constitutionnelles reliera les peuples aux gouvernemens et sera pour ceux-ci la seule ferme attache au sol incertain de la nouvelle Allemagne. Telle est la situation des esprits lorsque se réunissent les conférences ministérielles de Vienne, projetées au congrès de Carlsbad pour achever l’œuvre constitutive et combler les lacunes de l’acte fédéral. L’acte final signé en 1820 à la suite de ces conférences ne donne pas, comme on l’avait promis en 1815, une plus forte organisation à la confédération germanique. En revanche, il n’affaiblit pas la portée de l’article 13 de l’acte fédéral ; il prétend au contraire, Il est évident que, de 1815 à 1820, depuis l’acte fédéral jusqu’à l’acte final, le lien commun de la confédération, déjà si peu fortement constitué, s’est encore relâché. D’une part, la promesse de garantie des libertés particulières donnée au nom de la confédération a perdu de sa solidité et de son crédit ; de l’autre, les différens états ont gagné en indépendance propre ce qu’ils ont perdu en cohésion. L’acte fédéral a été conclu sous l’influence d’une pensée de conciliation et d’union, mais il est resté inachevé ; l’acte final a été signé sous l’influence d’un sentiment de division et de défiance qui a profité en partie aux peuples en avertissant les princes secondaires de chercher autour d’eux les moyens de sauvegarder leur indépendance.
Telle qu’elle est après ces deux actes qui l’ont fondée, la constitution de l’Allemagne offre assurément des imperfections auxquelles la législation ultérieure n’a que fort peu remédié. L’espèce de gouvernement qu’on appelle fédératif admet deux formes différentes : celle d’une confédération d’états et celle d’un état fédéré. La première, adoptée de notre temps par l’Allemagne, peut se passer d’un organe central fortement organisé, mais à la condition qu’une heureuse conformité d’institutions et de génie tienne intimement rapprochés tous ses membres. La seconde suppose l’hégémonie d’un état élevé par la constitution même au-dessus de ses associés ; elle est plus simple, d’une réalisation pratique plus facile, et mieux adaptée, il faut le dire, aux nécessités des temps modernes. Or, dans l’Allemagne du présent, la diète, qui sert d’organe à la confédération, a le tort de ne pas représenter la nation tout entière : elle réunit les délégués des princes, mais non pas ceux des peuplés ; les princes eux-mêmes n’y rencontrent pas une juste répartition de l’influence