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REVUE. — CHRONIQUE.

forces du nord n’est plus douteuse, et, lors même que le sud obtiendrait quelque avantage partiel, ce succès ne pourrait plus que retarder le dénoûment de la lutte sans en changer le caractère.

e. forcade.


LES SOPRANISTES.

CAFFARELLI.

Le célèbre sopraniste Caffarelli, le compatriote et le contemporain de Farinelli, s’appelait du nom de sa famille Gaetano Majorano. Il est né à Bari, dans le royaume de Naples, le 16 avril 1703, selon quelques biographes suivis par M. Fétis[1], tandis que Grossi le fait naître en 1710[2]. Cette dernière date paraît la plus probable, parce qu’elle s’accorde avec le renseignement fourni par le docteur Burney, qui assure que Caffarelli a débuté à Rome en 1726, ce qui est confirmé par un passage du marquis de Villarosa [3]. Quoi qu’il en soit de la date précise de la naissance de Caffarelli, il était fils d’un pauvre laboureur qui le destinait à conduire, comme lui, la charrue.

L’enfant, au lieu de s’adonner aux petits travaux des champs auxquels il était déjà propre, passait son temps à courir dans les églises où l’on faisait de la musique, ce qui lui attirait de rudes réprimandes de la part de son père. Le jeune contadino fréquentait plus volontiers une église du voisinage dont la chapelle était dirigée par un certain Caffaro. Celui-ci, ayant remarqué l’assiduité de l’enfant à suivre les oflices, l’attira chez lui, examina sa voix et s’assura de ses heureuses dispositions pour la musique. Caffaro alors alla trouver le père du petit Majorano, lui parla avec éloge de la voix et de l’instinct musical de son fils et lui fit entrevoir un bel avenir de fortune, s’il consentait à laisser faire de l’héritier de son nom un rossignol des quatre saisons. On assure que le père, sans se voiler la face de douleur, donna sa bénédiction, et l’enfant fut conduit dans la ville de Norcia, célèbre dans toute l’Italie pour ce genre d’opérations. Ce sacrifice accompli, Caffaro prit le jeune garçon dans sa maison, lui enseigna la lecture et les premiers élémens de la musique, et le mit en état d’aller à Naples prendre des leçons de chant de Porpora. C’est par reconnaissance pour l’homme qui lui avait ouvert les portes de la fortune et de la renommée que le fils du laboureur Majorano prit le nom de Caffarelli, sous lequel il est connu dans l’histoire de l’art.

J’ai déjà parlé du mode d’enseignement que suivait Porpora et de l’im-

  1. Biographie universelle des Musiciens, article Majorano.
  2. Diografia degli uomini illustri del regno di Napoli.
  3. Memorie dei compositori di Musica del regno di Napoli.