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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril 1862.

Nous sommes obligés de continuer à nous plaindre des lenteurs du travail parlementaire de cette session. Puisque chaque année nous découvrons de nouvelles imperfections dans l’organisme de nos institutions représentatives, puisque l’honorable président du corps législatif ne craint pas au besoin de dénoncer certains vices apparens de notre système, et propose sans fausse honte, à l’imitation de ses collègues, les exemples parlementaires de nos voisins, ne nous sera-t-il pas permis de lui signaler les inconvéniens qui résultent chez nous du rôle accordé aux commissions ? Chose bizarre, nous vivons à une époque où, dans l’application de l’intelligence, de la volonté et du travail de l’homme aux intérêts matériels, on s’efforce d’arriver à l’économie la plus complète du temps et des forces employées. Dans l’industrie comme dans la guerre, on supprime à l’envi tous les rouages inutiles, on veut arriver par les moyens les plus prompts aux effets les plus complets. Perdre du temps, laisser des ressorts jouer à vide, gaspiller des forces en un mouvement stérile, c’est le plus grossier barbarisme qui se puisse commettre en ce siècle, et c’est pourtant celui dans lequel nous semblons nous complaire en politique. Nous avons l’air de ne pas prendre garde que les institutions d’un pays, que les règlemens des corps parlementaires sont des machines morales par lesquelles s’accomplit le travail politique. Nous paraissons oublier qu’il importe de débarrasser ces machines de toutes les complications encombrantes qui en retardent le mouvement et en paralysent la puissance. La sphère où s’accomplit le travail le plus élevé de la société est justement celle où nous ne songeons point à introduire les méthodes simples et expéditives dont la recherche et l’emploi sont la préoccupation et l’affaire par excellence de notre siècle.

Prenons pour exemple ce qui est la tâche principale de la session : la discussion et le vote du budget. À quoi servent, nous le demandons, pour