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Une autre espèce de résidu des plus riches en matière azotée se rencontre dans les débris usés des tissus de laine et de soie. Lorsqu’on ne peut donner à ces débris aucune destination plus avantageuse, ils parviennent sous deux formes entre les mains des cultivateurs : tantôt en lambeaux plus ou moins larges, tantôt en une poudre grossière provenant de la tonte des draps. Ces deux formes sont sans influence notable sur le succès de la culture, lorsqu’on applique cet engrais en l’enterrant au pied des oliviers ou des ceps de vigne, car sa lente décomposition, qui se prolonge pendant plusieurs années, alimente graduellement la végétation par ses émanations fécondantes ; mais lorsqu’on emploie de semblables débris de laine dans les champs, on remarque des effets très régulièrement favorables, produits par la laine pulvérulente dite tontisse, tandis que dans toute l’étendue des terres fumées avec les lambeaux de laine la végétation se montre fort irrégulière : des touffes très développées çà et là s’élèvent au-dessus de la hauteur moyenne, plus abondantes souvent en feuilles et en tiges qu’en épis bien remplis de grains. De telles irrégularités dépendent de ce que les morceaux de tissu sont inégalement répartis dans les parties du terrain où ils se rencontrent ; les plantes voisines seules profitent de leurs émanations, tandis que, dans les intervalles dépourvus de cet engrais, la terre se trouve privée de fumure. Cette démonstration toute naturelle est devenue plus évidente encore, lorsqu’on a réussi à pulvériser ces débris[1]. L’engrais devenu pulvérulent est facile à répandre d’une manière uniforme, surtout si l’on prend soin de le mélanger avec une ou deux fois son volume de terre ; 250 ou 300 kilos de laine pulvérisée suffisent en général pour compléter sur la superficie d’un hectare la dose utile de matière azotée facilement assimilable.


III. — VALEUR ET ESSAI DES ENGRAIS. — RESIDUS DES FABRIQUES.

Lorsqu’on se place à un point de vue très général, on peut dire que tout ce qui manque au sol pour lui assurer le maximum de

  1. Le moyen adopté consiste à les imprégner d’une solution à un centième de soude caustique ; on chauffe ensuite à une température supérieure à 100 degrés ; l’eau s’évapore rapidement, laissant bientôt la solution alcaline dans un état de concentration favorable à son énergique action dissolvante sur la matière animale ; dès lors les filamens désagrégés ou rendus friables se pulvérisent sans grand effort entre les meules du moulin.