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bénéfice net. Un autre bénéfice se trouve encore dans la valeur de la portion d’engrais laissée intacte par les plantes, et qui contribue à élever la puissance du sol. C’est par de telles méthodes que l’agriculture atteindra le maximum de produits qu’obtiennent depuis longtemps les exploitations manufacturières, avantages qui se multiplient encore lorsque l’on combine les efforts des deux industries ; c’est ainsi que les sucreries et les distilleries notamment ont pu doubler la valeur foncière des meilleurs terrains sans cesser, malgré l’élévation des dépenses d’intérêt ou de loyer, de réaliser des profits bien supérieurs à ceux que procuraient naguère les anciennes cultures dépourvues de l’énergique concours industriel.

Parmi les engrais mixtes que nous fournit le commerce extérieur, le guano est de tous le plus important[1]. Il vaut aujourd’hui de 350 à 360 fr. la tonne de 1,000 kilog. Avant 1837, la France ne recevait aucune quantité de guano ; durant les dix années de 1837 à 1846, on en a importé année moyenne 4,925,550 kilog. ; pendant la période décennale de 1847 à 1856, la moyenne annuelle des importations a été de 11,368,293 kilog. ; en 1858, elle s’est élevée à 59,610,824 kilog., en 1859 à 32,978,130 kilog., la plus grande partie venant du Pérou. L’importation de ce puissant engrais en Angleterre durant les mêmes périodes a été de dix à vingt fois plus considérable. Après le guano, le charbon d’os mêlé de sang, connu sous le nom de noir animal, résidu des raffineries, occupe le second rang dans nos importations. Il vaut de 130 à 160 fr. les 1,000 kilog. Les importations de noir animal provenant de la Russie, de la Belgique, des Pays-Bas, des villes anséatiques, de l’Allemagne, etc., ont été dans la période décennale, de 1837 à 1846, de 11,994,395 kilog., de 1847 à 1856 de 7,697,832 kilog., en 1858 de 8,068,201 kilog., en 1859 (outre 10,171,142 kilog. d’os) de 6,344,000 kilog. Toutefois l’importance des engrais commerciaux est en réalité beaucoup plus considérable encore, si l’on y comprend les quantités livrées par l’industrie et le commerce intérieur[2].

  1. La composition moyenne du guano, très complexe, peut être, d’après M. Boussingault, ainsi représentée :
    Matières azotées : urate, oxalate, chlorhydrate et phosphate d’ammoniaque, acide urique 18,3
    Phosphates alcalins et terreux de potasse, de soude, de magnésie, de chaux 32
    Sulfates de potasse et de soude. 9,7
    Oxalate de chaux 6,1, sel marin 1, silice 1,5 8,6
    Humus et matières organiques indéterminées 4,3
    Eau et pertes dans l’analyse 27,1
  2. Si l’on consulte un rapport de M. Bobière au préfet de la Loire-Inférieure, on voit