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aux terrains qui réclament des amendemens, soit argileux, soit calcaires.

C’est à l’aide d’une pratique analogue très répandue depuis quelques années dans les fermes anglaises et dans plusieurs de nos exploitations rurales qu’on réalise une économie partielle ou totale des litières pailleuses destinées aux étables des animaux de l’espèce bovine à l’engrais. Souvent aussi on sépare chaque animal de ses voisins par une cloison à claire-voie ; il est d’ailleurs libre de tous ses mouvemens dans l’espace rectangulaire qu’il occupe, et ne se trouve exposé à aucun des inconvéniens de l’attache à la longe. Sa nourriture et son engraissement ont lieu dans des conditions très favorables ; tous les jours, on ajoute une quantité de terre sèche ou de paille, suffisante seulement pour assécher la superficie ; ce n’est qu’au bout de trois mois que, l’engraissement étant à son terme, on fait sortir l’animal, et l’on enlève la litière jusque-là bien conservée par le tassement continuel qu’elle a subi[1].

On évite plus complètement encore les déperditions ultérieures qui, dans tant d’autres exploitations, rendent insalubres et si désagréables les habitations des fermes, en supprimant dans les cours l’accumulation en tas volumineux des fumiers, et en conduisant directement ceux-ci sur les champs libres durant les intervalles entre les cultures. La terre du champ est toujours le meilleur et le plus économique excipient des liquides que les eaux pluviales entraînent, et qui, immédiatement absorbés, se trouvent bientôt à la portée des radicelles à mesure qu’elles pénètrent dans le sol.

Pour en revenir aux engrais commerciaux, il est aussi facile d’expliquer les avantages qu’ils présentent que de démontrer les graves inconvéniens, les dangers même, des falsifications de ces produits. Les riches engrais du commerce, — tels que le guano, les lambeaux ou chiffons de laine, le sang et la chair desséchés, le noir résidu des raffineries, les phosphates en poudre artificiellement imprégnés de carbone et de sang, les nodules de phosphate calcaire finement pulvérisés, — dont une faible quantité, de 300 à 600 kilogr., suffit pour compléter dans un sol la portion des alimens azotés ou minéraux qui lui manquent, — ces riches engrais peuvent parfois accroître dans une proportion bien plus grande encore le bénéfice du cultivateur. En effet, les frais généraux et les dépenses de main-d’œuvre demeurant les mêmes, tout l’excédant sur la quantité et la valeur vénale des produits récoltés équivaut à un

  1. Un des moyens d’économiser les litières pailleuses consiste à les rendre plus absorbantes en les hachant avant de les étendre. Cette méthode, usitée dans quelques fermes de la Grande-Bretagne, permet d’accroître d’autant les fourrages réservés pour la nourriture des animaux.