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animales ou des substances azotées congénères qui entrent en proportions notables surtout dans les parties vertes des végétaux, feuilles et bourgeons des tiges ou jeunes rameaux. Ces substances, dites congénères des matières animales, ont avec elles en effet une grande analogie de composition. Ainsi l’on y trouve de l’albumine semblable à celle des œufs et du sang, de la fibrine (dans le gluten du blé notamment) ayant beaucoup d’analogie avec la fibrine du sang et de la chair, de la caséine douée des principaux caractères du caséum du lait ou des fromages. Toutes ces substances, qu’elles proviennent des êtres de l’un ou de l’autre règne de la nature vivante, engendrent par leur décomposition spontanée les mêmes produits putrides, parfaitement appropriés à l’alimentation des plantes.

La substance azotée qui se rencontre le plus fréquemment dans les produits de la décomposition des matières animales ou végétales, c’est le carbonate d’ammoniaque. Soluble dans l’eau, volatil, il offre les plus favorables dispositions pour pénétrer facilement dans les délicats organismes, dans les spongioles radicellaires des végétaux. Contenant d’ailleurs les quatre élémens (carbone, hydrogène, oxygène et azote) de la matière organique quaternaire, réduit et assimilé de nouveau dans les actes de la vie végétative, de nouveau il acquiert les propriétés de la fibrine, de l’albumine, de la caséine, etc., lesquelles se reproduisent alors dans l’état qui convient à la nourriture des animaux. C’est ainsi que se complète une de ces admirables et perpétuelles rotations que ramènent sans cesse les conditions normales de la vie des êtres, dépendans tous les uns des autres.

Ce n’est pas seulement en raison de la grande influence des matières azotées dans les actes de la vie des plantes que ces substances ont dans les engrais une utilité prépondérante ; c’est encore et surtout parce que, dans l’état qui serait le plus favorable à leur rapide décomposition spontanée, ces agens énergiques du développement des végétaux ne se rencontrent jamais en quantités suffisantes sur les terres mêmes qui portent les plus riches cultures. Au contraire les autres parties, organiques ou minérales, des engrais peuvent, dans les sols qui reçoivent depuis longues années d’abondantes fumures, se rencontrer en excès notable et tel que ces terres ne sauraient profiter en rien d’une addition nouvelle de semblables engrais. Quelques exemples pris dans la grande ou la petite culture, dont l’un est très récemment acquis à la science comme à la pratique agricole, rendront cette différence évidente à tous les yeux.

Depuis l’époque où nous avons commencé dans la Revue l’étude des agens de la production agricole, un fait inattendu a été observé, au milieu de recherches soigneusement comparées, par un habile agriculteur manufacturier. En différentes localités, de nombreuses