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de carbone, hydrogène et oxygène, la cellulose notamment. Toute la question se réduit donc à savoir si les plantes peuvent trouver à leur portée ces trois élémens en quantité suffisante dans les gaz et les liquides qui les environnent. Cela ne peut faire l’objet d’un doute : le gaz acide carbonique, sans cesse absorbé par les feuilles des végétaux, mais toujours reproduit par les combustions, les fermentations spontanées, la calcination des carbonates calcaires et magnésiens, la respiration des animaux, les émanations des volcans, les exhalations des fleurs, des champignons, etc., demeure en proportions constantes de 4 dix millièmes dans l’air atmosphérique. Celui-ci, dans ses continuels mouvemens, renouvelle à tout instant ses points de contact avec les organes foliacés ; il pénètre même dans les interstices du sol arable. Enfin tous les résidus des récoltes précédentes, qui subissent des fermentations et combustions lentes, entretiennent à la superficie du terrain autour des plantes le même gaz toujours prêt à céder du carbone sous l’action des organes spéciaux de la végétation. Ce que les engrais peuvent fournir de ce gaz est en général surabondant, si ce n’est dans les combinaisons ammoniacales qu’il forme au moment de la fermentation des matières azotées, de ces matières qui précisément constituent les plus riches engrais organiques.

On vient de voir que le gaz acide carbonique libre ne saurait faire défaut dans aucune terre en culture ; ce ne sont donc pas les substances capables de le fournir telles que les tourbes, les terreaux épuisés, les sciures de bois, etc., qui peuvent être utiles directement aux agriculteurs. L’eau, qui se compose de deux élémens indispensables à la nutrition végétale, est elle-même fournie en quelque sorte gratuitement par les phénomènes météoriques : pluies, neiges, brouillards, etc. Le cultivateur ne doit pas s’en préoccuper non plus, si ce n’est pour les pratiques d’irrigation et de drainage ou de colmatage. En aucun cas, l’eau ne saurait compter pour une valeur quelconque dans les engrais commerciaux ; aussi a-t-on l’habitude de vérifier, par une dessiccation préalable de l’engrais, la quantité d’eau qui s’y trouve, afin de la défalquer du poids total. Si dans les engrais liquides l’eau joue souvent un rôle fort utile, c’est au même titre que les eaux naturelles appliquées en irrigations et servant de véhicule pour répandre sur les terres l’engrais qu’elles ont pu dissoudre ou entraîner en suspension.

Ainsi donc la portion des débris organiques capable de fournir seulement de l’acide carbonique ou de l’eau n’a pour l’agriculture qu’une valeur faible, nulle ou parfois même négative en raison des frais de transport qu’elle augmente. Il serait aussi facile de prouver, soit à l’aide d’une théorie fort simple, soit par des faits nombreux et des exemples remarquables, l’utilité très grande des matières