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LA
LITTERATURE ROMANESQUE

III.
LE ROMAN SOUS LOUIS XIII.

Les lecteurs de la Revue se souviennent peut-être que j’ai déjà discuté ici quelques-unes des questions générales qui se rattachent à la définition du roman, à l’existence controversée de ce genre de composition chez les anciens, et à son extension toujours croissante dans les littératures modernes. J’ai esquissé les principaux traits de la physionomie du roman au moyen âge et au XVIe siècle. J’ai insisté particulièrement sur l’Astrée, dont la publication me semble le point de départ d’un changement considérable dans la structure des fictions romanesques. J’ai considéré l’œuvre de d’Urfé comme la transition du roman chevaleresque, avec son caractère à la fois traditionnel et fantastique, au roman moderne, avec ses tendances et ses formes si variées. J’ai combattu le dédain absolu que professe La Harpe pour toute composition romanesque qui n’est pas un chef-d’œuvre d’art. Sans méconnaître la suprématie qui appartient de droit aux œuvres du génie, j’ai soutenu, en m’appuyant d’ailleurs sur l’autorité des maîtres de la critique moderne, que l’histoire littéraire, considérée dans ses rapports avec l’histoire des mœurs, des idées, des goûts de chaque génération, ne devait pas se borner à l’étude des chefs-d’œuvre, que toute production qui, à une époque donnée, a obtenu un succès éclatant, quoique passager, mérite qu’on s’en occupe, ne serait-ce que pour se rendre compte