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Quant au budget, ce que nous attendons surtout de M. Fould, c’est qu’il établisse pratiquement le principe que les dépenses seront couvertes par les revenus. Le nouveau budget devant rassembler l’ancien budget normal et l’ancien budget extraordinaire, il est évident que, pour l’équilibrer avec les ressources, il n’y a que l’un de ces trois moyens : ou opérer des économies considérables sur les dépenses, ou établir de nouveaux impôts, ou faire les deux choses à la fois, réduire partiellement les dépenses et accroître partiellement les taxes. La façon la plus brillante et la plus satisfaisante de résoudre le problème eût été d’obtenir sur les dépenses d’importantes économies, ou de trouver une nouvelle impulsion pour le revenu dans de populaires réductions d’impôts. Les circonstances présentes ne permettant point ces grandes expériences financières que les Anglais ont eu plusieurs fois la bonne fortune de tenter avec succès, il faudra se contenter d’un budget modeste qui diminuera quelques chapitres de la dépense et créera ou grossira quelques taxes. Pour nous, qui sommes peu exigeans et qui savons tenir compte de la nécessité des temps, nous nous résignerons à cette cote mal taillée. Nous verrons même avec satisfaction dans ce premier budget correct, pourvu que les dépenses y soient amplement couvertes par les recettes, la préface féconde d’importans progrès financiers pour la France.

Il faut espérer en tout cas que de nouvelles diversions de la politique étrangère ne nous détourneront pas avant longtemps de l’étude et de la bonne conduite des questions financières, qui nous touchent de si près ; ais comment oserait-on s’abandonner avec une entière sécurité à une telle confiance ? L’Europe politique ressemble à un hôpital où, pour la plupart des états, la différence n’est que de la maladie chronique au mal aigu. L’Italie n’y est certes point le sujet le plus souffrant : les indécisions d’un certain monde parlementaire italien qui se perd en subtiles finesses ne font que donner plus de relief à l’honnête droiture et à la généreuse constance de M. Ricasoli. L’Autriche se débat dans ses insondables déficit. L’Allemagne, qui rêvait une réforme fédérale, voit le projet de M. de Beust réfuté et repoussé par M. de Bernstorff, le ministre de Prusse, qui, plus précis au moins que M. de Schleinitz, est loin de seconder les vues du National-Verein. La question danoise semble encore pour la centième fois être à la veille de produire un éclat. L’Allemagne, conduite par la Prusse et par l’Autriche, veut maintenant séparer le Slesvig de la représentation danoise. Le Danemark a repoussé cette prétention, contre laquelle s’élève d’ailleurs la presque unanimité des représentons du Slesvig. e. forcade.


Le cabinet espagnol est sorti victorieux des discussions qui ont passionné pendant quelques jours la vie parlementaire à Madrid ; l’adresse a été votée par les deux chambres telle que ses amis la proposaient. Ce résultat prouve simplement que le mouvement des partis, que les scissions mêmes de la majorité ministérielle n’ont pas atteint encore le degré de maturité néces-