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DU
DROIT MARITIME
A PROPOS
DU DIFFEREND ANGLO-AMERICAIN

Lorsqu’éclata la rupture entre le nord et le sud des États-Unis d’Amérique, quiconque aime à chercher dans l’avenir la conséquence probable des événemens put aisément prévoir les incidens de plus d’un genre que devait faire naître, entre les belligérans et les neutres, l’état incertain et compliqué de ce qu’on est convenu d’appeler le droit maritime international.

De toutes les questions que présente le droit public des nations entre elles, de toutes les questions qui ont armé les peuples les uns contre les autres, il n’en est pas de plus graves et de plus controversées que celles qui se rattachent à la situation des neutres, à leurs droits et à leurs obligations en temps de guerre maritime. Ces questions ont souvent agité le monde ; elles ont grandement contribué à troubler la fin du siècle dernier et le commencement de celui-ci. Après quarante années d’une paix où elles avaient cessé d’occuper l’attention publique, la guerre de Crimée aurait pu les réveiller, si la France et l’Angleterre, pour obéir aux nécessités de leur alliance, ne s’étaient hâtées de mettre momentanément d’accord, par une sorte de compromis sous forme de déclarations réciproques, les doctrines jusque-là si contradictoires. La nature même d’une guerre promptement terminée, l’isolement de la Russie, sa situation géographique, l’écrasante supériorité maritime de ses adversaires,