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apparent du soleil augmentât d’une seconde, quarante mille ans pour qu’il grandît d’une minute. À ce compte, au bout de deux millions d’années, un observateur terrestre qui aurait vécu tout ce temps ne verrait pas le soleil plus différent de lui-même que nous ne le voyons chaque année d’une saison à l’autre, à mesure que la terre s’en éloigne ou s’en rapproche. Si la masse du soleil augmentait par l’addition des substances météoriques, nous n’aurions donc aucun moyen de nous en apercevoir : en revanche, on ne peut arguer de la constance du diamètre solaire pour repousser cette hypothèse, qui a l’avantage d’assigner une cause rationnelle au développement de la chaleur solaire.

On demandera peut-être d’où viennent ces météores, dont la pluie de feu tombe sans cesse sur la surface de l’astre qui nous éclaire. N’avez-vous jamais, par une soirée claire de mars ou de septembre, au moment des équinoxes, aperçu une lueur blanchâtre qui se montre dans le ciel du côté de l’occident ? Elle a de 20 à 30 degrés de largeur, s’élève au-dessus de l’horizon, en suivant à peu près la direction de l’écliptique. C’est ce qu’on nomme la lumière zodiacale, parce que ceux qui l’observèrent les premiers la crurent délimitée par le zodiaque, Sous le ciel Brumeux de nos climats, on n’aperçoit cette pâle lueur que bien rarement, après le crépuscule ou avant le lever du soleil, au commencement du printemps et de l’automne, et elle se confond aisément avec les reflets du jour qui s’évanouit ou qui s’approche ; mais sous les tropiques, le phénomène s’étale dans toute sa magnificence. Sur les sommets des Cordillères, dans les prairies du Mexique, sous le beau ciel de Cumana, sur les bords de la Mer du Sud, la lumière zodiacale s’est montrée à Alexandre de Humboldt plus brillante que la voie lactée. À l’équinoxe, au moment où le disque solaire vient de descendre sous l’horizon, l’obscurité totale succède presque immédiatement au jour, et l’on voit tout à coup apparaître la lumière zodiacale, qui s’élève jusqu’à la moitié de la hauteur du ciel et ne s’évanouit qu’à l’approche de minuit.

Dominique Cassini observa le premier la lumière zodiacale en 1683, et la considéra comme une sorte d’anneau lumineux lié à l’équateur solaire ; il reconnut en effet que cette lumière suit les mouvemens de l’équateur solaire à mesure que celui-ci s’éloigne de l’écliptique. M. Thomson pense que cet immense anneau lumineux est le réservoir des météores dont se nourrit l’astre central. Une telle théorie se concilie bien avec la grande conception cosmogonique de Laplace : l’anneau zodiacal étendu entre le soleil et l’orbite terrestre serait en quelque sorte un résidu de la matière cosmique