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Neuchâtel, Gisors, Lyons, Magny, Andelys, Évreux et Eu. Ces circonscriptions ont été depuis fort remaniées Pont-de-l’Arche, Caudebec, Montivilliers, Gisors, Lyons, Magny et Eu ne sont plus que des chefs-lieux de canton. Arques, malgré son grand nom, n’est pas même un chef-lieu de canton. Les nouveaux chefs-lieux d’arrondissement sont Le Havre, Dieppe, Yvetot et Louviers.

De tous les états provinciaux abolis par l’ancienne monarchie, ceux de Normandie avaient duré le plus longtemps ; ils survécurent à Richelieu lui-même, et ne disparurent définitivement que sous Mazarin en 1655. Ces états, dont l’origine remonte au temps des ducs, reparaissent souvent dans l’histoire de la Normandie, et cette province doit bien certainement à la permanence de ses anciennes franchises une grande partie de sa prospérité. Lors de sa réunion à la couronne en 1205, la législation normande y fut fixée par le serment des barons, comme en Angleterre. Philippe le Bel leur donna une sorte de constitution en y appelant un ecclésiastique, un gentilhomme et un notable du tiers-état pour chaque bailliage ou vicomte de la province. Ce fut d’après leur vote que Louis le Hutin sanctionna en 1315 la fameuse charte normande. À partir de 1335, ils se réunirent régulièrement tous les ans. Au XVIe siècle, on commençait à les attaquer, en leur reprochant les frais qu’ils entraînaient. « Vous plaignez la dépense, répondait Bodin dans sa République : les pensions des états du Languedoc reviennent, il est vrai, à 25,000 livres, sans compter les frais des états, qui ne coûtent guère moins ; mais on ne peut nier que, par ce moyen, le pays du Languedoc n’ait été déchargé, sous le roi Henri, de 100,000 livres tous les ans, et celui de Normandie de 400,000 livres, qui furent distribuées sur les autres gouvernemens qui n’ont point d’états. » Sous Louis XIII, les états de Normandie ne furent convoqués que très irrégulièrement ; ils ne s’étaient pas réunis depuis onze ans quand se tint leur dernière session. Ils demandèrent humblement à Louis XIV d’être convoqués à l’avenir tous les ans comme autrefois, suivant la charte normande ; on leur répondit en ne les convoquant plus du tout, et quant à la charte dont ils s’appuyaient, il ne devait plus en être question dans les édits que pour déclarer qu’on n’en tiendrait nul compte, nonobstant charte normande et clameur de haro.

Le président nommé par Louis XVI pour l’assemblée provinciale de Rouen, qui allait faire renaître les états supprimés depuis plus d’un siècle, était le cardinal de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen, abbé de Cluny, le même qui devait plus tard, comme président de la chambre du clergé aux états-généraux, protester contre la réunion de son ordre au tiers-état. Parmi les autres membres du