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ceux de Saint-Joseph et de Saint-Philippe, vivent surtout de cette fabrication, à laquelle s’emploient les femmes et les enfans.

L’île Maurice est moins bien partagée pour les productions du règne animal que pour celles du règne végétal. On y trouve, dans toutes les habitations, des scorpions ainsi que des scolopendres ou cent-pieds, dont la morsure est très malfaisante. Les cancrelas, sorte de coléoptères des tropiques, ennemis des vêtemens et des livres, qu’ils remuent avec un véritable acharnement, les moustiques, d’une grosseur souvent énorme, tourment incessant du dormeur, sont aussi des hôtes habituels des maisons. Nous n’avons pas nommé les lézards et les araignées, qui n’ont de désagréable que leur présence, et qui fort heureusement vivent dans un état de guerre perpétuelle avec les espèces précédentes. Dans les jardins, on rencontre, avec les animaux déjà cités, des guêpes jaunes à la piqûre dangereuse et des mouches maçonnes qui n’aiment pas être dérangées. Le nom populaire dont on les a baptisées leur vient de ce qu’elles construisent un nid avec de la terre pour y déposer leurs œufs. Les Européens s’inquiètent beaucoup, à leur arrivée, de la présence de tant d’hôtes incommodes ; les colons y font fort peu d’attention et s’estiment très heureux d’en être quittes à si bon compte, en songeant aux serpens venimeux de l’Inde et de l’Afrique, à ce cortège de crocodiles et de tigres qui en peuplent les rivières et les jungles. Là seulement il est permis d’avoir peur, quand le serpent à lunettes et le hideux cobra capello, dont la morsure donne la mort, se glissent jusque dans les maisons, quand les tigres viennent surprendre, sur le seuil même de sa demeure, l’habitant qui ne se tient pas sur ses gardes. Au lieu d’hôtes si dangereux, les bois de Maurice ne renferment que des singes fort inoffensifs connus sous le nom de maques, ou des cerfs dont la chasse offre au colon une distraction attrayante et un exercice qu’il affectionne.

Il n’existe à Maurice aucun oiseau indigène proprement dit, L’oiseau blanc, l’oiseau vert, l’oiseau gracieux de la Vierge, tous si peu timides qu’ils se laisseraient prendre à la main, le martin au bec jaune, qui fait aux sauterelles une guerre acharnée, ont été importés dans la colonie, les oiseaux marins, les cormorans, les pélicans, les fouquets, comme on les appelle, fréquentent les endroits peu accessibles du rivage ; il en est de même des paille-en-queue. Quant aux poissons et aux coquillages qui vivent autour de l’île, ils sont très nombreux et très curieux ; quelques-uns appartiennent à des espèces non encore classées ; d’autres sont venus de l’Inde s’égarer sur les rivages de Maurice. La plupart des poissons ne sont du reste connus des Mauriciens que sous le nom vulgaire tiré de leur couleur. Ainsi il y a les poissons jaunes, les poissons bleus, les poissons