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L´ILE MAURICE
ET
LA SOCIETE MAURICIENNE

Au nord-est du cap de Bonne-Espérance, non loin de la grande terre de Madagascar, que Colbert appelait la France orientale, mais que la France n’a pas su coloniser, — et autour de laquelle nous ne possédons que de pauvres îlots, — se trouvent deux îles plus importantes, Maurice et La Réunion. Situées au milieu de l’Océan-Indien, entre le 20e et le 22e degré de latitude sud, elles portaient au siècle dernier les noms respectifs d’Île-de-France et d’île Bourbon, que les créoles se plaisent encore à leur donner. C’était une station importante pour les vaisseaux de guerre et les navires de commerce qui fréquentaient les colonies de l’Inde que la France a depuis perdues. Toutefois les œuvres de la compagnie des Indes orientales sont restées vivantes dans ces contrées, et le souvenir de l’habile administration des Dupleix et des La Bourdonnais ne s’est pas non plus effacé de la mémoire des colons.

En 1810, comme pour présager les désastres qui devaient marquer la fin du premier empire, les colonies de l’Île-de-France et de Bourbon tombèrent aux mains des Anglais. En 1814, le traité de Paris ne rendit à la France que la moins importante, l’île Bourbon, aujourd’hui La Réunion. Pour restituer aussi Maurice, les Anglais demandèrent que la France leur livrât en échange les rares comptoirs qu’elle possédait encore dans l’Inde. M. de Talleyrand repoussa les propositions de l’Angleterre, et Chateaubriand a dit dans ses Mémoires qu’il ne savait ce qu’on devait plaindre le plus, ou l’ineptie