Tu ne sais pas ce que c’est pour un simple matelot parti il y a deux ans… Faut qu’il ait fait quéque chose de très joli, pas moins !
Eh bien !… qu’est-ce que vous allez faire, vous ?
Je vas… Quéque ça te fait, à toi ?
Vous ne pouvez pas aller tout seul au port !
Tu me crois trop vieux pour mener ma barque ? Blanc-bec ! t’étais pas né que…
Envoyez-moi ! j’irai plus vite que vous !
Non ! Tu ne sais pas ce que je veux faire.
Vous voulez ramener Bernard ici !
Oui, quand j’aurai vu le ruban rouge et parlé à son capitaine ! On lui donnera bien une permission, si c’est vrai qu’il est décoré !
Le port sera fermé ?
Non, il y aie temps ! Le vent est bon, faut pas plus de vingt minutes ! A part. J’enverrai mon neveu Antoine : c’est lui qu’ira vite, plus vite que moi.
Scène II
Oh ! j’empêcherai bien… Comment empêcherai-je ? Le vent et la vague m’obéiront-ils ? Les autres dracs ne me reconnaissent plus… C’est en vain que tout à l’heure je les évoquais sur la grève ; mais j’invoquerai l’esprit de vengeance, celui que les hommes appellent Satan ! Quel est-il ? Je ne le connais pas ; mais, s’il préside aux destinées humaines, il me reconnaîtra pour un des siens peut-être. Oui, je vais… Mais j’ai le temps. Je veux agir d’abord sur Francine. La voilà ! Que lui dirai-je ? J’ai perdu sa confiance. Je lui fais horreur ! Si je pouvais encore lui parler dans ses rêves !… Voyons ! il faut effacer de son esprit… J’ai été trop vite.