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d’être mauvais ; mais faut t’en aller, mon garçon, ou je te mettrai en douceur à la porte.

LE DRAC, à part.

Raillé, méprisé, faible et peureux ! Oh ! qui m’eût dit cela ? il sort.


Scène VIII

BERNARD, seul, puis le drac, qui rentre sans bruit et se cache sous l’escalier.

Mon Dieu ! comment que je vas faire pour que Francine n’ait pas peur de moi ? Elle va croire… Ah ! je lui montrerai que je ne suis plus un mécréant.il se met à genoux devant l’image.


Scène IX

FRANCINE, BERNARD, LE DRAC,

caché.

FRANCINE, sans le voir.

Oui, c’était bien le Cyclope, je l’ai reconnu de loin ; mais pas moyen de savoir… Voyant Bernard. Ah ! Bernard ! Qu’est-ce que vous faites ici ?

BERNARD, se relevant à demi et lui parlant avec un genou encore en terre.

Tu vois, Francine, je demande à la bonne dame de me faire avoir ton pardon.

FRANCINE, embarrassée et méfiante.

Est-ce que… J’espère que vous ne vous moquez point ?

BERNARD, se levant tout à fait.

Me moquer ! Ah ! peux-tu croire… Mais oui, tu dois croire que je suis capable de ça ! Pourtant, regarde-moi, Francine, il y a du changement en moi, puisque j’ai mérité… il montre sa croix.

FRANCINE

Tiens ! oui, je savais !

BERNARD, voulant montrer ses papiers.

Et il y a encore autre chose… C’est pas le tout de se battre ; j’ai appris à me bien conduire. Tiens ! regarde mes états de service !

FRANCINE

Je sais, je sais !

BERNARD

Comment le savais-tu ?

FRANCINE

J’avais vu tout ça… dans un rêve.

BERNARD

Tu rêvais donc de moi ? Ah ! Francine, si tu rêves de moi, c’est que tu m’aimes encore !