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de pommes de terre et sur les vignobles, et l’on n’a aucune diminution notable à signaler dans la production de nos vignes et de notre solanée féculente.


II. — LES IRRIGATIONS.

L’application accessoire des eaux évacuées par les drains à un arrosage utile nous conduit naturellement à décrire la méthode générale d’irrigation en grand des cultures. La tradition comme la théorie s’accordent à montrer les remarquables influences des eaux naturelles de bonne qualité sur la production agricole dans toutes les régions où, durant les sécheresses des saisons chaudes, la végétation devient stationnaire ou languissante faute d’une humidité suffisante dans l’air ambiant ou dans le terrain. Cependant toutes les eaux ne sont point également bonnes pour les irrigations. Il se rencontre parfois certaines sources dont il serait plus nuisible qu’utile de répandre les eaux sur les terres en culture, du moins directement ; telles sont les eaux incrustantes, capables d’envelopper bientôt les racines de l’enduit minéral qu’elles déposent au contact de l’air. Lorsqu’elles doivent cette propriété malfaisante au carbonate calcaire, on peut les en débarrasser par un séjour assez prolongé dans de vastes bassins plats d’où s’exhale facilement le gaz acide carbonique qui tenait en dissolution le carbonate de chaux ; dès lors celui-ci se dépose dans le bassin et peut être ultérieurement utilisé pour l’amendement des terres argileuses. Si la qualité incrustante dépend du gypse ou sulfate de chaux, dont les eaux contiennent parfois jusqu’à 2 millièmes, il faut, avant de les répandre en irrigation, soit y ajouter une masse assez considérable (trois ou quatre fois leur volume) d’eau douce, soit les mélanger avec des urines fermentées qui, en de faibles proportions (10 ou 15 centièmes), suffisent souvent pour décomposer le sel calcaire et faire déposer le carbonate de chaux produit de cette réaction. Le même composé ammoniacal (carbonate d’ammoniaque) que contiennent les urines putréfiées peut rendre propres aux arrosages les eaux ferrugineuses à réaction acide, qui sont plus ou moins chargées de sulfate de fer. Les eaux acides peuvent encore être améliorées en les faisant filtrer sur des marnes crayeuses. Enfin les sources trop froides, qui arrêteraient la végétation, s’améliorent lorsqu’on les fait préalablement séjourner dans de larges fossés ou dans des réservoirs où elles peuvent acquérir une température plus douce.

L’analyse constate la présence de 75 à 90 centièmes d’eau dans l’ensemble de toutes les plantes annuelles en pleine croissance, et