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L’ITALIE
NOTES DE VOYAGE

DEUXIÈME PARTIE.


I. — BOLOGNE.[1]

Le chemin de fer que l’on suit d’Alexandrie à Bologne traverse un beau pays, c’est-à-dire un des plus riches échantillons de la nature cultivée. Cependant, malgré une fraîcheur de végétation qui la fait ressembler à la Flandre plus qu’à la Beauce, cette immense vallée du Pô finit par devenir monotone, et l’on se prend à désirer quelque accident, comme un rocher abrupt ou même une lande sauvage. En sortant de Modène, le paysage, toujours riche et riant, ne change guère d’aspect, et cette ancienne via Emilia, dont on s’écarte peu et qui va de Plaisance à Rimini, ne se met à être pittoresque qu’après qu’elle a franchi le Reno, près de l’île funeste où Octave, Antoine et Lépide se partagèrent l’empire du monde. Alors se montrent les plus basses chaînes des Apennins : des hauteurs couvertes d’arbres, de verdure, et bientôt d’élégantes villas annoncent l’approche d’une grande ville. C’est la capitale actuelle de la Romagne, c’est cette cité qui porte pour devise libertas ; c’est celle qui, après tant d’orageuses luttes, accepta la souveraineté pontifi-

  1. Tiré des mêmes notes de voyage, cet article n’est pas la suite immédiate de celui qui a paru dans la livraison du 15 juillet dernier. Nous conduisons directement le lecteur à Bologne sans nous arrêter à Pavie, Plaisance, Parme et Modène. Dans le dernier article, nous devons aussi rectifier une erreur : trompé par le souvenir d’un beau projet conçu par M. Etex, nous lui avions attribué la fontaine de Nîmes, qui est l’ouvrage de M. Questel ; les statues sont de Pradier.