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ingénieusement dressés. En hiver ils en font quelquefois de grands carnages, en les poussant sur les lacs et les rivières, quand la glace, assez forte pour porter un homme, cède cependant sous les pieds pointus et les bonds des élans.

Les ours noirs descendent souvent des montagnes, et on les rencontre en assez grand nombre quand les baies des arbrisseaux sont mûres et abondantes. Quelquefois aussi ils s’en vont à la dérive sur la rivière, accroupis sur un tronc d’arbre aussi foncé qu’eux. Jamais ils n’attaquent l’homme que s’ils ont été blessés ou s’ils croient leurs petits menacés. Beaucoup sont de grande taille. Quand ils sont jeunes, leur chair a un goût agréable, elle est assez semblable à celle du porc; mais en vieillissant elle devient dure et prend une odeur forte. Il est très rare qu’une balle, même bien dirigée, suffise à les tuer.

L’espèce de panthère appelée puma, bien que d’un aspect terrible, est peu redoutable à cause de sa lâcheté, la vue du moindre chien la fait fuir sur un arbre; mais c’est un terrible ennemi pour les troupeaux : si elle pénètre dans un parc, elle égorge en un instant les brebis et leur suce le sang. Les loups, de diverses couleurs, sont nombreux et de la taille d’un gros chien anglais, mais ils sont très timides.

Pour trouver un large champ à ses exploits, le sportsman n’a que quelques milles à faire hors de l’établissement; il doit être muni d’un rifle à deux coups, d’un couteau de chasse, d’une couverture, et accompagné d’un ou de deux Indiens chargés de porter le gibier et aussi d’en suivre ou d’en retrouver les traces, exercice difficile auquel les indigènes excellent. On se sert peu de chiens. Parmi les oiseaux, le meilleur coup de fusil sur la côte, dit un amateur qui l’a longtemps parcourue le rifle à la main, c’est le canard, dont il existe des variétés très nombreuses. Les meilleures espèces se trouvent dans les deltas des rivières et sur les marécages. Il n’est pas difficile à un chasseur exercé d’en tuer trente ou quarante dans sa journée ; mais il lui faut un bon retrouveur, sans quoi il risque de perdre une partie de son butin. Les oies sauvages sont si nombreuses que l’on voit les enfans indiens se glisser doucement vers elles et les tuer à coups de flèches. Quant aux coqs de bruyère, il faut aller les chercher dans les embarras des forêts; ils passent le jour dans le creux d’un pin ou dans un trou de rocher, n’en sortant que le matin et le soir pour chercher leur nourriture. Les cygnes sont difficiles à aborder; ils s’abattent en troupes sur les lacs. Les aigles, les faucons, les milans ne sont pas rares, mais ils fuient le voisinage des établissemens, auprès desquels au contraire les pigeons, les grives et toute la foule des petits oiseaux chanteurs semblent se multiplier.

La pêche aussi fournit d’abondantes ressources à la colonie et