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un témoignage public de reconnaissance à M. Necker, qui vit dans la retraite, et à M. Champion de Cicé, « ce chef habile, qui, par la grandeur de ses vues et la profondeur de son jugement, exerçait l’empire le plus étendu. Il nous guide encore, son esprit nous reste, il est tout entier dans les premiers monumens de nos assemblées, et son successeur, en remplissant avec gloire une carrière que les circonstances ont rendue si pénible à parcourir, n’en acquiert que plus de droits à notre confiance. »

Un peu plus loin, la commission s’explique plus nettement sur ces circonstances pénibles en rappelant la résistance ouverte de la cour des aides de Montauban. « Vous avez dû être étonnés que cette cour se soit élevée contre une loi qu’elle avait consacrée par son enregistrement, et qu’elle ait fait un crime à l’administration des mesures que nous avons prises pour rendre l’impôt moins accablant. Vous n’ignorez pas que notre conduite a été censurée avec aigreur dans des écrits rendus publics. On nous a reproché d’avoir favorisé le Rouergue, au préjudice du Quercy, dans l’emploi des fonds destinés pour les grandes routes ; on n’a pas craint d’adresser des plaintes au conseil du roi., Vous avez été à portée de voir par vous-mêmes qu’on a travaillé dans le Quercy ainsi que dans le Rouergue, et qu’aucune partie de la Haute-Guienne n’a obtenu de préférence. » Ces réclamations, qui venaient de la ville de Montauban, dépossédée de son ancienne suprématie, portaient principalement sur l’emploi des 80,000 livres que le roi allouait tous les ans à la province pour les ateliers de charité. Pour imposer silence à ces attaques, l’assemblée prit le meilleur parti : elle ordonna la publication complète des états de dépense pour les ateliers de charité.

Dans la lutte entre la commission intermédiaire et la cour des aides, la première avait eu le dessus, grâce aux démarches du nouvel évêque. La cour avait rendu un arrêt, le 6 mai 1781, pour suspendre les travaux du nouveau cadastre ; cet arrêt avait été cassé par le conseil du roi le 22 avril suivant, ce qui coupa court pour un temps aux espérances qu’avaient fait naître la retraite de Necker et le départ de M. Champion de Cicé, mais ce qui ne mit pas et ne pouvait pas mettre fin à la querelle, car l’existence d’une cour des aides était difficilement compatible avec celle de l’assemblée.

En même temps qu’elle obtenait satisfaction sur ce point, l’assemblée échouait dans plusieurs de ses demandes, notamment en ce qui concernait les mines, dont le gouvernement avait refusé de lui confier l’administration. Ses propositions sur les communaux étaient aussi restées sans réponse. La commission intermédiaire en manifesta clairement sa mauvaise humeur. L’intendant avait été changé