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MADAME LIBANOF, lui tendant langoureusement la main.

Bonjour, scélérat !

TCHOUKHANOF.

Eugène Andréitch, mes plus humbles… (Gorski salue. Tchoukhanof le regarde en secouant la tête.) Dieu ! la belle prestance ! Pourquoi ne pas vous faire militaire, hein ?… Et vous, ma chère dame, comment vous sentez-vous ?… J’ai récolté pour vous des champignons.

MADAME LIBANOF

Pourquoi ne pas emporter un panier, capitaine ? Comment peut-on mettre des champignons dans une casquette ?

TCHOUKHANOF.

J’obéirai, chère dame, j’obéirai. Pour nous autres vieux soldats, cela n’a pas d’importance ; mais pour vous, certainement… J’obéirai. Je vais tout de suite les mettre sur une assiette. Et votre petite fauvette, Vera Nicolaevna, est-elle déjà éveillée ?

MADAME LIBANOF, à Gorski, sans répondre au capitaine.

Ce monsieur Moukhine est-il riche ?

GORSKI.

Il a deux cents âmes.

MADAME LIBANOF, avec indifférence.

Ah !… Ils sont bien longtemps à déjeuner !

TCHOUKHANOF.

M’ordonnez-vous d’aller les prendre d’assaut ? Dites une parole, je triompherai en un clin d’œil… Ce n’est pas une forteresse pareille qui nous résistera,… surtout si nous avons affaire à un colonel comme Eugène Andréitch.

GORSKI.

Colonel ! A propos de quoi, Élie Élitch ? De grâce !

TCHOUKHANOF.

Le rang n’est pour rien, je parle de la prestance,… de la prestance.

MADAME LIBANOF

Mais allez donc !… Allez voir s’ils ont fini de déjeuner !

TCHOUKHANOF.

J’obéis, ma chère dame, (Il fait quelques pas pour sortir.) Ah ! mais les voici. (Vera, Moukhine, mademoiselle Bienaimé et Varvaro Ivanovna viennent de la salle à manger.) Mes respects…

VERA, en passant.

Bonjour, (courant à sa mère.) Bonjour, maman.

MADAME LIBANOF, la baisant au front.

Bonjour, petite… monsieur Moukhine, soyez le bienvenu… Je suis enchantée que vous ne nous ayez pas oubliées.

MOUKHINE.

C’est bien de la bonté, madame… Je ne mérite pas un tel honneur.

MADAME LIBANOF

Vous n’avez pas encore vu notre jardin ? Il est grand. Beaucoup de fleurs ;