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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 juin 1861.

Des faits politiques importans, sans que toutefois ils fussent de nature à surprendre et à exciter les esprits, se sont pressés dans ces derniers jours. À l’intérieur, des élections départementales, la discussion de la liberté de la presse enfin abordée de front par le plus éloquent orateur du corps législatif, la session de l’assemblée se terminant par le vote précipité de plusieurs lois d’une portée considérable ; au dehors, la reconnaissance du royaume d’Italie, le conflit entre la cour de Vienne et la diète hongroise approchant de la crise décisive, la politique prussienne prenant un nouvel aspect, les partis anglais se balançant exactement dans un vote significatif de la chambre des communes, la mort du sultan : c’est un ensemble d’accidens ou de tours de situation plus nourri que nous n’avons l’habitude d’en rencontrer en l’espace de deux semaines.

Nous ne parlerons du résultat des élections aux conseils-généraux et aux conseils d’arrondissement que pour exprimer notre satisfaction. On nous trouvera peut-être étrangement modestes on singulièrement optimistes. Nous ne sommes ni l’un ni l’autre, et c’est très sérieusement que nous nous félicitons du dernier mouvement électoral. Sur je ne sais combien de centaines d’élections, l’opposition libérale n’a eu que vingt ou trente succès ! Nous en convenons, ce serait peu de chose, si l’on ne devait tenir compte des circonstances au milieu desquelles ont été remportées ces victoires plus éclatantes que nombreuses. Au point de vue pratique, c’est beaucoup. C’est d’abord un exemple donné : chez une nation moutonnière comme la nôtre, un exemple donné est sûrement efficace ; on peut être certain qu’à la prochaine occasion il sera suivi. N’est-il pas vrai que nous vivions depuis plusieurs années dans la plus profonde indifférence électorale ? N’est-il pas vrai que la cause de cette indifférence était la conviction enracinée dans la multitude qu’il était absolument impossible de l’emporter sur les influences administratives, qu’il était chimérique de tenter l’opposition électorale, que