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présentent des modèles encore plus vastes, et où l’accumulation des ressources permet d’assurer dans la plus large mesure le comfort des voyageurs. La suite des opérations de la Société immobilière, qui primitivement ne portait que le nom de la Société des immeubles Rivoli, a caractérisé de plus en plus l’esprit imprimé à sa constitution. Sans doute cette société avait pour objet principal la construction et la location d’immeubles, mais elle poursuivait ce but dans des conditions particulières d’embellissement pour Paris lui-même. On la trouve active et empressée à prendre pour siège de ses spéculations les quartiers nouveaux, s’inquiétant aussi d’améliorer et à de transformer les anciens. Les Champs-Elysées sont l’objet des prédilections générales ; elle y ouvre dans les terrains du Jardin d’hiver une rue somptueuse qui prend le nom de rue de Marignan. Le boulevard de Sébastopol ouvre dans toute la largeur de Paris une voie jusqu’alors sans égale ; la société entreprend une rue commerçante qui va de ce boulevard même à la rue Saint-Denis ; en ce moment, elle bâtit le côté du boulevard des Capucines destiné à combler l’ancienne rue Basse-du-Rempart ; demain elle couvrira de maisons nouvelles les deux trottoirs latéraux du boulevard Malesherbes entre la rue de la Pépinière et le parc de Monceaux. Il y a lieu à coup sûr de remarquer cette double préoccupation chez les administrateurs de la Société immobilière, qui s’appliquent à suivre des opérations utiles à leurs actionnaires tout en réalisant des entreprises empreintes d’un certain caractère d’innovation et d’élégance.

Sans entrer dans le détail des opérations successives d’achats, de reventes, d’échanges et de constructions de la Société immobilière, il faut dire que, grâce à ces opérations, cette société, fondée au capital de 24 millions, a pu distribuer à ses actionnaires des intérêts suffisans, même pendait l’époque d’achèvement des immeubles et sans comprendre dans les dépenses de construction l’intérêt des sommes qui y sont afférentes. Elle a aussi constitué des réserves assez fortes pour que l’intérêt seul de ces réserves fonctionnât comme amortissement, et que dais une période de quarante-cinq années le capital social pût être porté de 24 millions à 50, sans aucun sacrifice nouveau des actionnaires. En résumé, et dans l’état actuel, le capital social est de 24 millions d’actions représentés par des immeubles construits et des terrains qui attendent des constructions nouvelles[1]. En vue des opérations faites ou à faire, le conseil

  1. Les immeubles construits son situés rue de Rivoli, hôtel du Louvre et rue de Marignan, où un lot de terrain reste encore à vendre. Ils représentent une dépense effective de plus de 20 millions et rapportent 1,800,000 fr. y compris le revenu industriel de l’hôtel du Louvre. — Les immeubles en voie de construction sont placés au boulevard des Capucines. La société y possède plus le 17,000 mètres de terrain qui lai ont coûté en moyenne 825 fr. le mètre. Enfin elle et propriétaire de 33,000 mètres de terrain sur le boulevard Malesherbes au prix moyen de 175 fr. le mètre. Toutes ces acquisitions justifient, et au-delà, les emprunts contactés auprès du Crédit foncier.