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ses tâches, soit qu’il combine les lignes d’un paysage, soit, comme il l’a fait cette année avec plus de succès qu’à aucune autre époque, qu’il interprète la nature en face d’un modèle animé.

Un portrait de Mademoiselle Emma Fleury, par M. Amaury-Duval ; — un profil de jeune fille, par M. Timbal, l’Étude, où l’on retrouve, sous une forme à la fois plus aisée et plus pure, les intentions qui recommandent la Sainte Rose de Viterbe du même peintre ; — quelques têtes dessinées par MM. Tourny et Soumy, auteurs l’un et l’autre de belles copies au crayon et à l’aquarelle d’après les maîtres italiens : — tels sont à peu près les travaux qu’il convient de citer à la suite des ouvrages de M. Flandrin, parce qu’avec une autorité moindre sans doute ils expriment ou laissent pressentir les mêmes croyances, la même foi dans la sévère éloquence du vrai. Les principes qui inspirent le talent de M. Édouard Dubufe n’ont pas cette austérité assurément. Ce que M. Dubufe cherche n’est pas la sévérité du style, ce qu’il rencontre est moins habituellement la vérité absolue que l’élégance : élégance un peu superficielle, j’en conviens, mais conforme après tout à la physionomie de notre époque et très préférable aux afféteries de pinceau de M. Winterhalter, ou à la manière, mélancolique jusqu’à l’engourdissement, dans laquelle M. Hébert a traité le portrait de la princesse Clotilde. Il y a de la part des artistes quelque excès de sévérité envers M. Dubufe, Ceux-là mêmes qui l’accusent le plus haut de sacrifier l’art au culte de la mode seraient, le cas échéant, assez embarrassés de faire mieux ou aussi bien que lui. Nous en savons plus d’un qu’eût déconcerté, par exemple, la multiplicité des détails d’ajustement dans un portrait comme celui de la princesse Mathilde ou comme celui de la duchesse de Médina Céli, et qui, au lieu de ce discernement et de cette convenance, n’eût réussi à formuler que l’exagération de la magnificence ou une mensongère simplicité.

Si les Intérieurs de Harem peints par Mme Henriette Browne n’ont, au point de vue de l’art, qu’une assez médiocre importance, un portrait d’homme, dû au même pinceau, est pourvu d’un mérite beaucoup plus sérieux et d’une franchise dans l’exécution qui honorerait une main virile. Ce portrait, l’un des meilleurs du Salon, est aussi le meilleur ouvrage que nous connaissions de l’artiste. Bien mieux que les Sœurs de Charité, dont le succès pouvait s’expliquer surtout par le choix du sujet, mieux même qu’un autre portrait qui figurait à ce même Salon de 1859, il donne la mesure du talent de Mme Browne, talent supérieur à celui de Mme de Mirbel, et que, depuis Mme Lebrun et Mme Benoist, aucune femme en France n’avait aussi nettement prouvé dans des travaux de cet ordre.

Pour mentionner à côté des œuvres de Mme Browne la Jeune Veuve