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de la taxe du papier, la majorité ministérielle s’est affaiblie de 3 voix ; elle se réduit donc à 15. Ce qu’il y a eu de plus curieux dans la discussion, qui s’est terminée hier à propos de l’amendement de M. Ker Seymer, c’est qu’elle a été principalement soutenue contre M. Gladstone par des membres importans du parti libéral. Sir John Ramsden et sir Robert Peel entre autres ont attaqué vigoureusement les tendances du hardi ministre des finances. Non-seulement des membres considérables du parti libéral se sont séparés à cette occasion du ministère, mais lord Palmerston a pu craindre un moment la défection des membres irlandais qui votent avec lui d’ordinaire, et dont les électeurs ont été irrités par le refus que faisait le cabinet de continuer à payer à une compagnie maritime irlandaise une subvention annuelle qu’elle avait possédée jusqu’à présent. Si le vote avait eu lieu dans l’avant-dernière séance, le ministère n’aurait pas eu la majorité ; aussi fit-il demander par ses affidés l’ajournement de la discussion. M. Disraeli s’y prêta de la meilleure grâce du monde. Il paraît que lord Palmerston a su mettre à profit cette sorte de trêve et a regagné les voix irlandaises ébranlées. Ce succès clôt la campagne politique de la session ; il n’est point probable en effet que la chambre des lords rejette, comme elle le fit l’année dernière, l’abolition de la taxe du papier. La chambre des communes, qui prétend à la suprématie dans les questions de finances, ne permettrait point aux lords d’empiéter ainsi sur son domaine. La chambre des lords est trop sage pour engager un conflit parlementaire. D’ailleurs, après des épreuves décisives, les partis en Angleterre savent se résigner aux solutions qu’ils avaient d’avance repoussées avec le plus d’ardeur. On peut désormais regarder la taxe du papier comme abolie.

La session des chambres finit en Belgique. Au sénat comme à la chambre des représentans, la question de clôture a été le traité de commerce conclu avec la France, et les conventions relatives à la navigation et à la propriété littéraire qui accompagnent le traité. M. d’Hoffschmidt a, dans la chambre des représentans, accueilli, par un excellent rapport, le traité de commerce, qui n’a été partiellement combattu que par les fabricans de sucre de betterave. Il a été fait justice des prétentions de cette industrie. La Belgique est décidée à marcher avec persévérance dans la voie des réformes économiques que M. Frère-Orban lui ouvrait il y a douze années. On n’écoute plus en Belgique les protectionistes. Il faut faire honneur de l’intelligence et de la résolution avec lesquelles l’industrie belge répudie ses anciens procédés avant tout au ministre des finances, et ensuite au talent, au zèle, au dévouement des économistes, qui ont fondé l’association pour la réforme douanière. La loi qui donne en Belgique le cours légal à la monnaie d’or française va être promulguée. Pour rendre cette loi exécutoire, M. Frère-Orban attendait que les traités fussent votés, car il ne tenait à rester au pouvoir que pour attacher son nom à l’accomplissement de ce grand progrès de législation douanière. La promulgation de la loi sur la circulation de l’or