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là sont nés deux tracés qui, laissant désormais Alsasua de côté, viendraient aboutir tous les deux près de Tolosa. Le second seul paraît devoir être pris en considération. M. Arnao, conservant le tracé de Pampelune à Irurzun, voudrait que le chemin de fer, suivant la rivière de Arajes, abordât la sierra de Aralar au port d’Albiazu et vînt déboucher dans la vallée de l’Amezqueta, pour de là aller s’embrancher à Alegria, près de Tolosa, sur le chemin de fer du nord. Cette ligne présente sans doute des avantages sur celle d’Alsasua, puisqu’elle abrège le parcours. La distance de Pampelune à Bayonne ne serait plus alors que de 140 kilomètres au lieu de 188 ; mais le parcours des Alduides n’est que de 110 kilomètres. Si M. Arnao a eu pour but de faire disparaître dans son tracé les inconvéniens qui se présentaient dans celui des Alduides, il est impossible de ne pas y voir de nombreuses courbes de 300 à 400 mètres de rayon et 23 kilomètres de parcours, dont les pentes approchent de 2 pour 100, sur une longueur qui d’Irurzun à Alegria est de 38 kilomètres ; mais les chiffres du-budget offrent ici de bien autres inconvéniens. L’auteur du projet n’élève pas à moins de 33,820,000 fr. le prix de ce tronçon, soit 821,000 francs le kilomètre. Si l’on tient compte du prix relativement assez faible auquel il taxe ses travaux et du fatal imprévu, on voit qu’il serait possible que ce chemin coûtât 900,000 francs le kilomètre. M. Arnao avoue même que les renseignemens qui lui ont été fournis par les ingénieurs du chemin de fer du nord ne lui permettent pas d’évaluer à moins de 1,300,000 fr. le kilomètre les travaux de cette ligne dans sa traversée des Pyrénées ; or c’est presque sur le même terrain qu’il opère. Cependant il propose comme naturelle une subvention de 85,800 fr. par kilomètre, lorsque la ligne rivale a 104,000 fr., et cela sous prétexte que ce n’est, à proprement parler, qu’un prolongement de ligne subventionnée. Il ne faudrait pas des recettes kilométriques moindres de 60,000 francs sur la partie comprise entre Pampelune et Tolosa pour que ce tronçon ne fût pas ruineux.

Le chemin de Pampelune à Tolosa serait donc un moyen terme. Or, nous venons de le voir, au point de vue de l’exploitation, la construction de cette ligne ne manque pas d’inconvéniens, et comme mesure financière elle serait désastreuse. Quant aux provinces intéressées, elles resteraient encore grevées de 40 kilomètres de parcours ; mais voici une difficulté d’une autre nature qui se présente. Elle apparaît dans un mémoire publié récemment par la compagnie du chemin de Saragosse à Pampelune : « Ce tracé, dit-on dans ce mémoire, paraît prévaloir pour le moment ; cependant la compagnie des chemins navarrais ne peut accepter de dépenser l’énorme capital qu’exigent de si grands travaux pour aller aboutir à Tolosa et non à la