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Qui se gonfle et grandit, chauffé par le soleil ;
Puis l’enveloppe éclate, et la fleur séculaire,
Comme un splendide écrin, s’ouvre en pleine lumière.
 — Faisant explosion dans mon cœur réjoui,
Ainsi l’amour nouveau s’était épanoui.


V. — LA CHANSON DU BUCHERON.


Pour les grands bois ensemble
Partons au jour naissant,
Et choisissons un tremble,
Un tremble verdissant.
Qu’il soit svelte et superbe !
O ma brune aux yeux bleus,
Abattons-le dans l’herbe
À nous deux.

Il craque, il penche, il plie…
Victoire ! il est tombé.
Vite, vite, une scie
De fin acier trempé !
De la racine aux branches,
Dans le tronc vigoureux,
Coupons de minces planches
À nous deux.

Avec les planches blondes
D’où la sève jaillit,
Pour nos noces fécondes
Construisons un doux lit.
La mousse fine pousse
Au pied des saules creux ;
Emplissons-le de mousse
À nous deux.

Puis avec la ramure
Préparons un berceau
Tapissé de verdure,
Frais comme un nid d’oiseau.
Pour la couche légère,
Pour l’oreiller moelleux,
Tressons, tressons du lierre
À nous deux.