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qui en 1847 représentaient une valeur de 43 millions de francs, se sont élevées en 1859 au chiffre de 106 millions. Les exportations dans cette dernière année ayant été de 17 millions, il reste un excédant de 89 millions qui représente en quelque sorte le déficit de la production ligneuse de la France comparée aux besoins de sa consommation. Il ne s’agit ici, bien entendu, que des bois communs, c’est-à-dire du bois à brûler, bois de construction, merrains, perches, échalas, etc., et non des bois employés dans l’ébénisterie ou la teinture.

Lorsqu’on jette les yeux sur les tableaux du mouvement commercial des différens pays, on voit que le plus souvent les bois figurent à la fois à l’importation et à l’exportation, et souvent même pour des chiffres très élevés. Cette apparente anomalie s’explique par cette circonstance, que, le bois étant d’un transport difficile, il est parfois plus économique de le faire venir d’un pays voisin que d’une région plus reculée de l’intérieur, tandis que d’un autre côté on trouve du bénéfice à l’exporter sur les points où des forêts abondantes sont limitrophes de pays qui en sont dépourvus. Du reste, les bois des diverses contrées n’ont pas tous les mêmes qualités, en sorte qu’il s’établit entre elles des échanges constans. Ainsi ces importations ne nous procurent pas seulement l’appoint qui nous manque, elles nous fournissent encore des bois propres à des usages auxquels les nôtres ne conviendraient qu’imparfaitement. Pour les constructions navales, nous l’avons vu, on préfère de beaucoup les chênes de la Toscane et des États-Romains à ceux du nord de la France, qui étant moins sujets à se fendre, sont en revanche recherchés pour les ouvrages de menuiserie. Il en est de même des merrains, qui servent à fabriquer les barils et tonneaux, et dont la qualité dépend beaucoup des substances solubles contenues dans, le tissu ligneux. L’acide gallique, la quercine, le tannin, ont en effet une grande influence sur la conservation des liquides et peuvent leur donner une saveur désagréable ; aussi les meilleurs merrains sont-ils ceux de Russie et des États-Unis, qui renferment fort peu de pareilles substances.

Dans le chiffre de 106 millions, qui représente la valeur des bois importés en France, les bois de construction entrent à eux seuls pour 69 millions, les bois d’industrie pour 32 millions, les bois de feu pour 3 millions seulement, le liège, l’osier, etc., pour 2 millions. Les principaux pays de provenance sont la Russie, la Suède, la Norvège, les États-Unis, qui malheureusement s’appauvrissent sensiblement, et qui bientôt peut-être ne pourront plus satisfaire à des exigences toujours croissantes.

Les forêts de la Russie sont de jour en jour dévastées par les incendies