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en échange de l’abandon à la Prusse du commandement en chef (en temps de guerre) des armées fédérales, des concessions telles que la garantie de la Vénétie.

Du reste, des voix officieuses du côté de l’Autriche comme de la Prusse se sont efforcées d’atténuer l’éclat produit par les nouvelles concernant la rupture des conférences de Berlin. Quoique les négociations soient momentanément suspendues, on assure qu’on n’a pas perdu l’espoir de réussir à entendre, et qu’en tout cas cet incident n’a point altéré les bonnes relations établies entre les deux cabinets et fondées sur la communauté de leurs intérêts politiques. En attendant, la diète a commencé, dans ses dernières séances, à voter sur les propositions de sa commission militaire par rapport aux changemens à introduire dans l’organisation de l’armée fédérale. Ce qui résulte déjà des votes émis, c’est le maintien de la force actuelle de cette armée avec augmentation de la réserve et le maintien de la division d’infanterie de réservé, dont le licenciement avait été proposé par la commission ; mais toutes ces questions de détail s’effacent à côté de la question du commandement en chef, et celle-là ne saurait être résolue qu’à la suite d’une entente entre l’Autriche et la Prusse.

C’est dans l’une des dernières séances du mois d’avril que le Danemark a dû présenter des explications finales sur la question holsteinoise. Les dernières tentatives du Danemark auprès de la diète holsteinoise ont échoué, comme on sait. Le dernier mot de cette petite diète a été d’exiger l’union du Slesvig au Holstein dans l’établissement séparé que le Holstein réclame comme faisant partie de la confédération germanique. En maintenant sa constitution distincte, le Holstein veut entraîner avec lui le Slesvig, qui n’appartient pourtant pas à la confédération. Le Danemark persiste à s’opposer à cette prétention ; il soutient que si le Holstein veut sortir de l’unité constitutionnelle de la monarchie danoise pour marquer plus nettement son union avec l’Allemagne, il faut qu’il consente à rompre les liens qui l’unissent au Slesvig. Quoi qu’il en soit, nous touchons probablement au terme de ce fastidieux débat.

Le génie de notre temps n’est point assurément favorable aux confédérations. La guerre civile est commencée à l’heure qu’il est au sein de la fédération qui faisait dans le monde la plus grande figure. L’attaque et la prise du fort Sumter par les Caroliniens du sud a enfin tiré le président Lincoln du système de temporisation qu’il suivait depuis son avènement. Le président Lincoln a eu au moins le mérite de ne point commencer lui-même la lutte fratricide. Le gouvernement fédéral a attendu l’attaque. Le droit, la justice, la prudence, ont été d son côté. Maintenant M. Lincoln appelle à lui soixante-quinze mille volontaires, tandis que les états du sud en enrôlent cent cinquante mille. Malgré l’excitation que ces arméniens ne peuvent manquer de communiquer aux passions ennemies du nord et du sud de l’ancienne Union américaine, quelques personnes s’obstinent à croire encore que le conflit sera prévenu ; elles pensent que des deux côtés on réfléchira