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gastrique sur les alimens azotés, enfin les redoutables métamorphoses opérées par les venins, les miasmes, les virus de toute espèce, ne soient en réalité des fermentations plus ou moins complexes. On ne saurait donc exagérer l’importance d’un phénomène qui embrasse tous les actes physiologiques, depuis la fécondation même des germes jusqu’au retour aux élémens primitifs ou à ce qu’on pourrait appeler la deuxième mort, en distinguant le moment où s’arrête le mouvement des organismes de cette période postérieure où les organismes eux-mêmes disparaissent, où tout ce qui compose le cadavre fait retour à la matière brute.

Je le dirai tout de suite : on peut considérer la fermentation comme un phénomène produit par l’action vitale, ou bien comme un simple phénomène chimique. M. Berthelot adopte ce second point de vue. « Bannir la vie de toutes les explications relatives à la chimie organique, écrit-il, tel est le but de nos études. C’est ainsi seulement que nous réussirons à constituer une science complète et subsistant par elle-même, c’est-à-dire telle qu’elle doit être pour concourir efficacement à l’intelligence des phénomènes physiologiques et à leur reproduction. Il est d’autant plus important de chercher à atteindre ces résultats, que les fermentations ont été toujours envisagées comme des phénomènes intermédiaires entre les actions chimiques et les actions vitales. De l’aveu de tout le monde, elles représentent l’un des mécanismes fondamentaux auxquels on doit recourir dans l’interprétation des métamorphoses chimiques qui s’effectuent au sein des êtres organisés. Aussi paraît-il nécessaire de rendre la notion de ce mécanisme indépendante de la vie elle-même et de la concevoir d’une manière aussi abstraite que possible, en la déterminant d’une manière exclusive par ses caractères les plus généraux. »

Quelle est cette notion abstraite et générale dont parle M. Berthelot ? De quelle manière concevoir les phénomènes de la fermentation sans les faire sortir du cercle habituel des phénomènes chimiques ? C’est en les assimilant à ce que l’on nomme d’ordinaire les actions de contact ou de présence. Ces mots demandent une explication : la présence du platine très divisé, nommé quelquefois noir de platine, provoque les effets d’oxydation les plus variés, détermine la combinaison de l’oxygène et de l’hydrogène, même à la température ordinaire, celle de l’oxygène et de l’ammoniaque, la transformation de l’alcool et de l’éther en produits différens. Le platine n’agit pas chimiquement, en ce sens qu’il ne se combine avec aucun ides corps qui entrent ainsi en jeu ; il sert seulement d’excitant passif aux affinités. Le platine ne jouit pas seul de telles propriétés : l’or, l’argent, beaucoup de métaux et de corps solides les partagent à un moindre degré. La pierre ponce accélère par sa