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REVUE. — CHRONIQUE.

tion, et à qui l’on reproche d’être plus prussien que la Prusse. Pour nous distraire, nous n’allons point tarder à jouir d’une représentation nouvelle de la comédie qui se joue depuis 1848 dans la Hesse électorale. Les chambres vont se réunir à Cassel, lieu admirablement choisi ; c’était la charmante capitale du fantastique royaume de Westphalie. Tous ignorez peut-être que les dernières élections de la Hesse électorale comme les avant-dernières, et aussi bien que les antépénultièmes, ont donné la quasi-unanimité à la constitution infortunée de 1831 ; mais vous n’êtes pas sans avoir deviné que l’électeur se déclare impuissant à rétablir cette constitution, parce qu’elle a été abolie par la diète. En conséquence les chambres seront dissoutes, et l’on fera de nouvelles élections. Le spirituel électeur rend la Hesse victime d’un mauvais jeu de mots, et, puisqu’elle est un électoral la condamne aux élections à perpétuité. Que l’on aille du tragique au comique, des États-Unis à l’Allemagne, les confédérations n’ont décidément pas de quoi nous séduire, et les Italiens, en voyant ce qui s’y passe, doivent plus que jamais bénir le ciel d’avoir échappé au piège du système fédératif.

Lorsqu’on va quelque part, il faut savoir comment on en pourra sortir. L’idée est triviale, mais c’est une loi qu’il importe d’observer en politique. Nous l’avions un peu oubliée en partant pour la Syrie, et ; après quelques perplexités bien naturelles, nous en sortons grâce à l’arrangement du gouvernement du Liban. Nous l’avons absolument méconnue en allant à Rome : nous ne savons après douze ans comment faire pour en sortir ; mais Dieu est grand, et, comme disait le vieux ministre toscan, il mundo va dà se.

E. Forcade


REVUE MUSICALE


Les théâtres en général, mais surtout les théâtres lyriques, sont entrés dans la saison difficile de leur existence. Ils essaient encore de vivre, mais ce n’est pas sans peine, et leurs plus grands efforts consistent à préparer les élémens de la prochaine campagne, qui s’ouvre à la fin du mois de septembre. À l’Opéra surtout, on s’agite beaucoup, et le ministre d’état, M. Walewski, paraît animé des meilleures intentions envers ce grand établissement lyrique, auquel on voudrait imprimer une certaine vie. On a déjà décidé, assure-t-on, que l’Alceste de Gluck y serait représentée dans le courant de l’année, et Mme  Viardot a été engagée expressément pour interpréter le principal rôle de ce vieux chef-d’œuvre. Ce sera le cas de chanter, après un demi-siècle de délaissement :

Et l’on revient toujours
À ses premiers amours.


Comment le public, dans la variété pittoresque, ses goûts d’aujourd’hui,