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ÉTUDES MORALES

LE SALAIRE
ET
LE TRAVAIL DES FEMMES

IV.
L'ASSISTANCE PUBLIQUE ET LES INSTITUTIONS DE PREVOYANCE..

La plupart des hommes vivent à côté de la misère sans la voir. Il est malheureusement plus facile de leur montrer le mal que de leur enseigner le remède. C’est une grande illusion de croire qu’avec un article de loi ou quelque combinaison économique nouvelle on va transformer tout à coup une société malade et guérir la plaie saignante du paupérisme. Nous avons vu naître et périr bien des théories qui devaient sauver le monde, et n’ont abouti qu’à le troubler un peu plus profondément. Ce n’est pas une raison de désespérer. Sans avoir la prétention d’innover en matière de bienfaisance, on peut suivre à la trace ceux qui ont aimé l’humanité et qui l’ont secourue, profiter à la fois de leurs erreurs et de leurs exemples, et dans cette humble mesure, avec beaucoup de zèle, un peu de bon sens et de patientes études, faire modestement quelque bien. Le plus sûr moyen de triompher du paupérisme serait d’habituer les ouvriers à la vie de famille. Quand après une journée de fatigue ils n’ont pas d’autre perspective que l’hospitalité banale d’un cabaret