qui mette les traîtres à l’abri d’un procès,… d’un procès, reprit-il encore, après quoi il se départit pour aller dîner, non point chez le lord-maire, son partisan déclaré, mais chez celui des amdermen qui passe pour le plus enclin de tous à favoriser le parlement. Et chez cet homme, qui a nom Garrett, sa majesté fut magnifiquement traitée. Ensuite, sur les trois heures, elle s’en retourna vers White-Hall, le peuple criant toujours : Privilège ! privilège ! et le roi murmurant entre ses dents : « Procès,… procès aux traîtres ! »
De retour au palais, son premier soin fut de rédiger de sa propre main[1] une proclamation nouvelle, à ces fins que nul n’osât abriter les cinq accusés de la chambre des communes. Le nom de lord Kimbolton n’y figura pas ; sa majesté comptait sans doute, par cette omission, se concilier la chambre haute, et, en la désintéressant ainsi dans le conflit à venir, s’assurer qu’elle lui viendrait en aide contre les communes.
Celles-ci pourtant s’étaient réunies dans la matinée du 5 janvier à Westminster. Portes closes, avec défense à aucun membre de s’absenter sans congé, et non sans avoir dépêché de tous côtés des subalternes chargés de guetter au dehors les mouvemens hostiles qui se pourraient tenter, elles délibéraient. On y comptait environ deux cent soixante membres, dont à peu près quatre-vingt-dix partisans du roi. Depuis les débats de la fameuse remontrance (au mois de décembre 1641), jamais cette minorité n’avait été si nombreuse. La première motion débattue fut de déclarer que, « par sa visite armée de la veille, aussi bien qu’en faisant saisir et mettre sous les scellés les papiers de certains députés, le roi d’Angleterre avait porté atteinte aux privilèges de la haute cour du parlement. » Cinq ou six royalistes essayèrent d’excuser la conduite du monarque ; mais la chambre passa outre et nomma un comité pour rédiger un projet de déclaration dans le sens de la motion proposée. On s’attendait que ce travail prendrait un assez long temps, et l’on discutait l’opportunité de continuer les débats, quand M. Glyn et les autres du comité rentrèrent en séance au bout d’un quart d’heure à peine, rapportant une déclaration qui bien évidemment avait été composée d’avance. On suppose généralement qu’elle était l’œuvre de M. Pym lui-même, qui, du fond de sa mystérieuse retraite, ne cessait de diriger les événement. En vertu de la nouvelle déclaration que a les communes ne pouvaient plus ni siéger à Westminster en toute sécurité, ni délibérer des affaires publiques jusqu’à ce que
- ↑ Le brouillon de cette proclamation, de la main de Charles Ier, a été découvert dans le State Paper Office par M. Forster. Le ministre responsable (sir Edward Nicholas) prenait soin, dès cette époque, de se mettre personnellement à l’abri en faisant ainsi authentiquer en quelque sorte par le monarque lui-même la participation personnelle de ce dernier aux actes du gouvernement.