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avait eu lieu, et le résultat fut qu’avec l’assentiment des lords, les communes ordonnèrent à leurs sergens d’armes d’aller briser les scellés apposés chez MM. Pym, Denzil Hollis et Hampden, en outre de saisir au corps les personnes par qui avait été commise cette offense à la majesté du parlement, savoir deux chevaliers appartenant à la domesticité royale, sir William Fleming et sir William Killigrew, tous deux, il le faut dire, d’assez mauvaises mœurs et peu recommandables. Le premier fut appréhendé, comme aussi les subalternes dont il s’était fait aider. On ne put jamais découvrir où s’était caché le second. Pendant tout le temps que ces délibérations se continuaient, le sieur Francis, messager royal, — notez bien ceci, — se morfondait aux portes de l’assemblée. Quand tout fut terminé, on le fit prévenir que la réponse serait portée au roi par d’autres que lui.

Il était nuit close quand les quatre envoyés de la chambre arrivèrent à White-Hall, et nous avons su par le sieur Fleury, qui le tenait lui-même d’un autre garde du roi, ce qui se passa dans le cabinet où ils furent admis. Le roi demanda, quand on lui eut transmis le message, « si on attendait quelque réponse. » Et tout incontinent, avant que mylord Falkland, à qui cette question était adressée, eût eu le temps d’y répondre, sa majesté ajouta : « Vous aurez ma réponse demain matin, à l’ouverture de la séance… En attendant, dites bien à ces messieurs que tout ce qui a été fait l’a été par mes ordres… » Sa majesté, vous le savez bien, est affligée en général d’une sorte d’embarras de parole qui ressemble fort à du bégaiement ; mais cette fois il n’y parut guère, et, comme il arrive quand elle est émue, ses paroles furent très nettes. Les quatre envoyés saluèrent sans rien ajouter, et le roi demeura seul ; mais peu d’instans après la reine arriva d’un côté, lord Digby de l’autre. Les gardes de la porte ayant alors été renvoyés, nous ne pouvons savoir ce qui se passa entre eux ce soir-là ; mais, le tempérament de chacun étant connu, ne doutez pas que la fille de Henri IV et l’impétueux cavalier qui, depuis quelque temps déjà, poussait le roi aux mesures les plus extrêmes contre ses ennemis, ne doutez pas, dis-je, qu’ils durent l’exciter à quelque acte vigoureux, capable d’intimider le parlement, devenu si audacieux depuis la mort de mylord Strafford. Quoi qu’il en soit, dans cette même soirée, j’eus l’honneur de voir en son hôtel milady Carlisle, et d’y rencontrer, entre autres personnages, mylord Kimbolton, l’un des six accusés du matin. Il était, je pense, venu là pour s’éclairer sur les desseins de la cour, où milady va soir et matin, quand il lui plaît, la reine aimant assez sa compagnie pour la recevoir à toute heure. Sa seigneurie semblait suffisamment décontenancée, et la comtesse avait fort à faire de lui donner courage et confiance. « Pensez, lui disait le noble pair, qu’on pourrait noué arrêter cette nuit même dans nos