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dans tous les deux du même oiseau et presque au même instant ; ils ne diffèrent que par une circonstance, l’immersion dans l’acide carbonique substituée à l’immersion dans l’air. On en conclut que cette circonstance est un des antécédens invariables de la suffocation. Voilà un exemple de la méthode de différence ; sa règle fondamentale est que « si un cas où le phénomène en question se rencontre et un cas où il ne se rencontre pas ont toutes leurs circonstances communes, sauf une, le phénomène a cette circonstance pour cause ou pour effet. »

Voici deux groupes, l’un d’antécédens, l’autre de conséquens ; on a lié tous les antécédens, moins un, à leurs conséquens, et tous les conséquens, moins un, à leurs antécédens. On peut conclure que l’antécédent qui reste est lié au conséquent qui reste. Par exemple, les physiciens, ayant calculé d’après les lois de la propagation des ondes sonores quelle doit être la vitesse du son, trouvèrent qu’en fait les sons vont plus vite que le calcul ne semble l’indiquer. Ce surplus ou résidu de vitesse est un conséquent et suppose un antécédent ; Laplace trouva l’antécédent dans la chaleur que développe la condensation de chaque onde sonore, et cet élément nouveau introduit dans le calcul le rendit parfaitement exact. Voilà un exemple de la méthode des résidus ; sa règle est que « si l’on retranche d’un phénomène la partie qui est l’effet de certains antécédens, le résidu du phénomène est l’effet des antécédens qui restent. »

Voici deux faits : la présence de la terre et l’oscillation du pendule, ou bien encore la présence de la lune et le mouvement des marées. Pour joindre directement ces deux phénomènes l’un à l’autre, il faudrait pouvoir supprimer le premier et vérifier si cette suppression entraînerait l’absence du second. Or cette suppression est, dans l’un et l’autre de ces cas, matériellement impossible. Alors nous employons une voie indirecte pour joindre les deux phénomènes. Nous remarquons que toutes les variations de l’un correspondent à certaines variations de l’autre, que toutes les oscillations du pendule correspondent aux diverses positions de la terre, que toutes les circonstances des marées correspondent aux positions de la lune. Nous en concluons que le second fait est l’antécédent du premier. Voilà un exemple de la méthode des variations concomitantes : sa règle fondamentale est que « si un phénomène varié d’une façon quelconque toutes les fois qu’un autre phénomène varie, d’une certaine façon, le premier est une cause ou un effet direct ou indirect du second. »

Vous remarquerez que tous ces procédés sont des éliminations, et en effet l’induction n’est pas autre chose. Vous avez deux groupes, l’un d’antécédens, l’autre de conséquens, chacun d’eux contenant