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des sables des placers par des méthodes de lavage particulières ; on l’extrait des minerais quartzeux par un broyage intime et une amalgamation prolongée. Cette dernière opération consiste à dissoudre l’or dans le mercure, qui le restitue ensuite par la distillation. Le nombre des mineurs occupés sur les placers et les mines de quartz est estimé aujourd’hui à 80,000 ; il était de plus de 100,000 aux premiers temps de l’exploitation. La production totale de l’or atteint moyennement le chiffre de 300 millions de francs par année, un peu moins, dit-on, que la production de l’Australie. Les mineurs actuels des placers sont surtout des Chinois, des Espagnols et des Français ; dans les mines de quartz travaillent beaucoup d’Anglais venus des mines de Cornouaille. Les gisemens aurifères ne sont pas les seuls qu’on puisse utilement exploiter en Californie. On y rencontre aussi des mines de mercure très riches, entre autres celles de New-Almaden, les plus importantes du globe, et de nombreux indices de mines d’argent, de plomb, de cuivre, de fer. Comme substances salines naturelles, on exploite le sel, le salpêtre et le borax. Enfin des sources sulfureuses chaudes et abondantes permettent à la Californie d’avoir ses villes d’eaux, et la ville de Napa est le Baden-Baden du Pacifique. Citons, pour terminer, des carrières de marbre et de pierre à chaux, de granite, d’albâtre, de pierre à plâtre et de pierres meulières, enfin des mines de soufre, d’asphalte et de houille.

Deux grands cours d’eau arrosent la contrée : l’un coule du nord au sud, l’autre du sud au nord. Le premier est le fleuve Sacramento, qui reçoit des affluens importans, comme Feather-River, Yuba, American-River, dont les eaux, roulant des paillettes et des pépites d’or, descendent de la sierra ; le second est le fleuve San-Joaquin, dont le cours est symétrique à celui du Sacramento, et l’embouchure presque la même. Les rivières Stanislaüs, Tuolumne, Merced, toutes trois aurifères, se jettent dans le San-Joaquin et prennent leurs sources dans la sierra. Le Sacramento et le San-Joaquin portent leurs eaux dans la baie de Suisun, ainsi nommée de la tribu indienne qui en peupla longtemps les rives. Cette baie communique avec celle de San-Pablo, et celle-ci avec la baie de San-Francisco. Le San-Joaquin jusqu’au-delà de la ville de Stockton et le Sacramento avec deux de ses affluens, Yuba et Feather-River, sont les seuls cours d’eau navigables. Néanmoins le système hydrographique de la Californie est des plus remarquables, il est en même temps des plus singuliers, car il présente ce fait, jusque-là sans exemple, de deux cours d’eau ayant une embouchure presque commune, et venant de deux points tout à fait opposés, l’un du nord, l’autre du sud.

Stockton sur le San-Joaquin, comme Sacramento sur le fleuve de ce nom, sont deux centres d’entrepôt considérables : Stockton pour les mines du sud, Sacramento pour celles du nord, dont ces deux villes marquent respectivement la limite. Des cours d’eaux poissonneux arrosent le pays où elles s’élèvent. On pêche sur le Sacramento et quelques rivières littorales des saumons en grande quantité ; on les sale et on les exporte jusqu’en