Empêche-les de venir voter.
Empêche une meute lancée de poursuivre le cerf.
Fais vœu d’offrir demain une hécatombe à Apollon ; que ton intendant convie au festin tous les citoyens du dême, et nous compterons ceux qui se rendront à la ville.
Le succès d’une telle ruse est certain ; mais je ne l’emploierai pas.
Tu hais donc bien Périclès ?
C’est lui qui me hait. Sa froideur, son dédain, son silence me le témoignent assez clairement. Toi-même, tu en as pu juger tout à l’heure.
Ah ! ma chère Elpinice, tu es peu clairvoyante pour une femme.
Je ne te comprends pas.
Tu n’as rien deviné ?
Rien.
Tu ne peux m’épargner l’embarras d’un aveu ?
En vérité, je ne le puis.
Tu n’as pas soupçonné que Périclès ne cédait point à son propre mouvement ?
Qui donc le force à me mépriser ?
Il ne te méprise pas,… mais si quelqu’un l’avait prié de t’éviter ?
Pour quel motif ?
Parce que l’on te craint.
Et qu’ai-je donc de si redoutable ?
Tu le demandes, quand tu es riche, de race royale, pleine d’esprit, habile à séduire, digne d’être consultée par les hommes d’état !
Ainsi, ma belle, tu redoutais en moi une rivale ?
Ne prononce pas ce mot : la rougeur couvre mon front. Je t’ai offensée ?
Non,… je veux dire oui, par Vénus ; mais l’offense est légère.