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de pratique. L’initiative indigène doit être encouragée, et la plus grande liberté d’action possible laissée aux indigènes.

En raison de la grande étendue du pays et de l’industrie de ses habitans, en admettant que l’on agisse promptement et en suivant la meilleure méthode possible, il est probable que d’ici à trois ans les Indes anglaises seront en mesure de livrer à l’Europe trois fois plus de coton qu’aujourd’hui. La qualité en sera supérieure aux meilleurs middling des États-Unis, et dans une grande proportion égalera les mako les plus estimés[1]. Quant à la quantité que le commerce peut en attendre en 1862, étant admis que toutes choses politiques restent dans le statu quo et que rien ne trouble la paix intérieure des Indes, il ne faut guère compter sur une production qui fournisse à l’exportation pour la métropole plus d’un million de balles, ce chiffre constituant déjà un minimum très acceptable. Une circonstance accidentelle qui pourrait provoquer une augmentation de la culture du coton aux Indes orientales serait une baisse notable dans les cours de l’indigo, dont la consommation diminuera proportionnellement à celle du coton, l’éventualité d’une catastrophe aux États-Unis étant sous-entendue. Et même, dans ce cas, il s’écoulerait un an avant l’abandon partiel d’une culture au profit d’une autre. On le voit, le dilemme est toujours le même, et le temps n’est pas une aliquote dont on puisse facilement faire abstraction en pareille matière.

Avant de quitter ce qui touche aux Indes orientales, nous reviendrons sur l’absolue nécessité qu’il y a d’ouvrir sans retard sur tout le territoire de nombreux moyens de communication. Les intérêts en jeu sont d’une telle importance que de nouveaux délais dans l’achèvement de certaines lignes de railways commencées et interrompues, projetées et différées, seraient accompagnés des plus sérieuses conséquences. Il est positif que, si ces honteux empêche-mens n’existaient pas, un plus large excédant de la production, cotonnière sur la consommation industrielle du pays et sur l’exportation dans les parages voisins prendrait la route des ports de la côte et de Liverpool. Ces améliorations sont d’autant plus nécessaires, nous dirions même d’autant plus équitables, que la continuation du

  1. La moyenne des importations annuelles de coton des Indes orientales en Angleterre, de 1850 à 1860, est de 418,500 balles. Les traits caractéristiques de cette provenance pendant ce laps de temps sont instructifs quant aux capacités productives et industrielles du pays. En 1850, le chiffre de balles exportées pour la métropole s’élevait à 300,000, — en 1851 à 325,000, — en 1852 à 213,000, — en 1853 à 486,000, — en 1854 à 309,000, — en 1855 à 396,000, — en 1856 à 464,000, — en 1857 à 682,000, — en 1858 à 356,000, — en 1859 à 510,000, — en 1860 à 563,000. La moyenne d’importation annuelle du coton des États-Unis en Angleterre, pour la même période de onze ans, s’élève à 1,723,000 balles, et celle de toutes provenances à 2,382,600 !