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arable existe, et les eaux du Nil peuvent être conduites partout. Cependant il serait difficile de cultiver plus de coton qu’on ne le fait aujourd’hui. Quiconque connaît cette contrée et y a vécu de la vie du planteur, quiconque a pu juger par lui-même du véritable état des choses sera convaincu que les fellahs n’aiment point la culture du coton, parce qu’étant peu nombreux, ils lui préfèrent celle des céréales, qui demande moins de soins ; que s’il n’est pas impossible d’ensemencer beaucoup plus de terrains en coton, il le devient entièrement de le récolter, par la raison que le nombre des enfans disponibles pour la cueillette étant des plus réduits, un vingtième au moins de la récolte reste abandonné sur la plante, s’y dessèche, ou se perd sur la terre humide autour de l’arbuste. Depuis Mako-Bey, l’importateur des semences de coton d’Abyssinie, depuis Jumel, le jardinier savoisien qui engagea Méhémet-Ali à cultiver cette plante, appelée du nom de ses deux parrains, jusqu’au vice-roi que nous venons de nommer, on a fait en Égypte tout ce qu’il était possible de faire en vue de porter au plus haut degré de quantité la production de cette fibre. À cet égard, le dernier échelon a été atteint, et Ibrahim-Pacha, qui était l’agriculteur pratique par excellence, quoique ayant considérablement amélioré ses qualités de coton, préférait à ce lainage les céréales et la canne à sucre, qu’il trouvait plus productives.

La moyenne des récoltes depuis huit ou neuf ans ne dépasse pas en Égypte un certain maximum, dont la quotité est soumise au plus ou moins de faveur que rencontrent le coton et les céréales sur les marchés de l’Europe. Lorsque les États-Unis livraient tout à coup à la consommation de 5 à 800,000 balles de plus que l’année qui avait précédé, ou bien lorsque les événemens politiques altéraient l’équilibre financier, l’article tombait dans le calme, et par un effet opposé de la même cause, les céréales devenaient le produit, le staple du moment, vers lequel les efforts de l’agriculture tendaient de préférence. Le total moyen des exportations annuelles de coton mako pendant les dix dernières années ne s’élève qu’à 478,282 quintaux