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trois opérations de commerce avant d’arriver au consommateur ; la production industrielle étant, suivant lui, de 11 milliards, le chiffre de 30 à 40 milliards pour le commerce serait assez plausible. Ce n’est là qu’une appréciation générale ; mais les recherches de M. Block ont obtenu sur différens points des résultats plus précis. Les publications administratives rendent compte des quantités de marchandises qui circulent par les voies fluviales ou qui sont transportées par cabotage entre les ports français ; on possède également des informations approximatives sur le commerce des villes au moyen des registres de l’octroi. Quant à la statistique des chemins de fer, qui jouent aujourd’hui un si grand rôle dans les opérations du commerce, elle fournit le chiffre des marchandises transportées à grande et à petite vitesse ; mais les compagnies n’ont pas adopté les mêmes classifications : elles ne donnent pas toutes le détail des marchandises, et il serait très désirable qu’elles fussent amenées à organiser sous ce rapport un système uniforme de comptabilité. Sans nous engager dans la sombre région des chiffres, nous nous bornerons à mentionner deux grands totaux qui expriment l’activité respective des transports effectués par les voies fluviales et par les voies ferrées. Les premières ont transporté en 1857 52 millions de tonnes, et les secondes 12 millions. On voit que les canaux conservent encore une grande supériorité sur les chemins de fer quant au chiffre des transports. Le cabotage est plus sérieusement menacé : depuis vingt ans, il demeure à peu près stationnaire ; le chiffre annuel de ses transports se balance entre 3 et 4 millions de tonnes. Le grand cabotage, qui s’effectue d’une mer à l’autre, résiste difficilement à la concurrence des voies ferrées, et il ne pourra se maintenir que s’il appelle la vapeur à son aide en transformant ses navires.

Grâce aux renseignemens très complets que publie l’administration des douanes, on peut suivre chaque année le mouvement du commerce extérieur de la France, et cette étude, que n’a point négligée M. Block, offre en ce moment même un intérêt particulier. Le traité conclu avec l’Angleterre a récemment appelé l’attention sur l’état de notre commerce extérieur, sur la concurrence que l’industrie nationale est appelée à soutenir, sur les avantages ou les périls qui doivent résulter d’une large réforme de nos tarifs. La statistique cette fois répond de la manière la plus précise à toutes les questions qu’on lui adresse, et elle répond de manière à dissiper bien des alarmes. Si on ne lui demande que des chiffres d’ensemble, elle montre le commerce de la France s’élevant progressivement de moins de 2 milliards en 1850 à plus de 3 milliards en 1858, et l’exportation des produits fabriqués figurant pour une forte part dans cet accroissement. Si on l’interroge sur les détails, elle prouve que les modérations de tarif essayées depuis vingt ans ont été tout à fait